1 - Guillaume Pépy interpellé en gare par les cheminots CGT de Versailles !
Vendredi 18 avril 2014, un échange inopiné s’est produit sur un poste d’aiguillage de la gare de Versailles-Chantiers entre le PDG de la SNCF, Guillaume Pépy, en visite, et plusieurs responsables du syndicat CGT cheminots de Versailles.
Fidèle à sa conception du « dialogue social » reprise de Louis Gallois, Pepy a joué au consultant de la CGT, a mis son « expertise » au service des militants.
En substance, sinon dans le texte : « faites grève 24 heures pour peser sur les négociations, très bien ! Mais tenez-vous en là car ce serait irresponsable de risquer de faire capoter le projet de réforme ferroviaire ».
Et Pepy de sortir lui-même les grosses ficelles que l’ex-ministre, devenu secrétaire d’Etat, Cuviller, n’ose plus reprendre, toujours en substance, sinon dans le texte : « sans cette réforme ferroviaire, vous serez nus devant Bruxelles et les directives européennes ».
Mais à qui Pépy croit-il faire croire que sa politique de privatisation en France diverge de celle de l’Union européenne ?
A qui Pépy espère-t-il faire croire qu’il n’y a pas une opposition de principe entre le patronat, les « privatiseurs » du gouvernement et de l’UE d’un côté, les cheminots et le service public de l’autre ?
Les syndicalistes CGT cheminots de Versailles remercient M. Pépy pour cet encouragement à la lutte !
Ci-dessous leur récit et leur analyse de la rencontre.
Guillaume Pépy interpellé en gare par les cheminots CGT de Versailles !
Repris de http://cgtcheminotsversailles.over-...
Ce vendredi matin, Guillaume Pépy était venu dire sa messe sur la réforme ferroviaire au poste d’aiguillage de Versailles Chantiers. Alerté par des « oreilles indiscrètes », les cheminots CGT de Versailles sont venus l’interpeller sur la réforme ferroviaire et les revendications locales des agents du site.
Nous avons martelé notre refus sans nuance de l’actuel projet de loi portant réforme du système ferroviaire, visant à démembrer la SNCF pour préparer la privatisation du réseau et à rabaisser nos conditions de travail par l’abrogation des RH77 et 677 dans un « cadre social harmonisé » aligné sur les conditions du privé.
Nous avons exprimé nos revendications immédiates d’une réintégration de RFF au sein d’un EPIC SNCF unifié et intégré, ainsi que l’extension du statut et de nos conditions de travail à tous les travailleurs du rail en France.
Nous avons fermement signifié que la manifestation du 22 mai prochain ne serait qu’une dernière étape avant la construction d’une grève reconductible historique, si le gouvernement persistait dans son projet de réforme mortifère.
Comme toute réponse, le président Pépy nous a exhorté à renoncé à la grève reconductible, qui risquerait de faire plier le gouvernement sur ce dossier.
Il nous a bien concédé « le droit » de faire des grèves de 24h pour « peser sur les négociations », mais en nous menaçant du chaos si nous mettions en échec le gouvernement !
Car, dit-il : « si vous mettez en échec cette réforme, je vous laisserai vous débrouiller avec Bruxelles qui vous imposera la privatisation par le 4 paquet ferroviaire » !
Ceci est bien la preuve que le gouvernement, qui a perdu toute légitimité en se faisant le commis du Capital, et la direction de la SNCF craignent comme la peste la puissance de mobilisation des cheminots... ET ILS ONT BIEN RAISON !
Par la mobilisation, nous pouvons faire capoter cette réforme et imposer nos revendications, refonder le monopole public du transport ferroviaire au service des besoins populaires, avec un statut social de haut niveau, condition d’une sécurité des circulations de haut niveau !
Le syndicat CGT des cheminots de Versailles vous donne donc rendez-vous le 22 mai à Paris, pour un dernier ultimatum au gouvernement, et début juin pour une grève reconductible suffisamment forte pour balayer ces parasites et arracher par la force la satisfaction de nos revendications !
3 - Analyse à partir de l’histoire d’un cheminot retraité, ex-dirigeant de la CGT Cheminot St-Etienne et communiste :
...’’Nus devant Bruxelles ?’’
Il se trouve que les thèses d’épiciers, en vigueur depuis le rapport NORA, (les années 70...) sont la stricte cause de cet humiliant délabrement ferroviaire et que la mise en concurrence marchande de la société nationale avec les boutiquiers du transport privé, a déjà commis trop d’incommensurables ravages, tant elle se révèle incompatible avec la ’’satisfaction la plus large des besoins des populations, au moindre coût pour l’usager’’, car tel devrait être l’objet d’une société Nationale !
Monsieur Pepy devrait se souvenir, qu’à la faveur de l’intense et libre respiration sur le tas, autorisée par le mouvement de 1995, les assemblées de grévistes devaient condamner la Directive européenne 91/440, considérée comme l’amorce d’un racket sur la Propriété collective Nationale, ainsi que comme un interdit imposé à la France, quant à la liberté de décider librement, de sa propre politique des transports ! Il est clair, par exemple, que les injonctions de Bruxelles, s’opposent à la complémentarité des modes de transport, laquelle demeure, cependant une exigence capitale, pour mettre un terme à l’anarchie concurrentielle, génératrice d’un gigantesque ’’coût social’’, exclusivement répercuté sur les populations !
Au cours de ces débats sur le tas, la conscience collective devait hisser la conception du service public à hauteur d’un choix de société, et conclure à la condamnation de la Directive comme du système qui préside à d’extraordinaires régressions et vise à faire porter le licol à l’ensemble des peuples du continent !
Cette condamnation, ne pouvait être fortuite, dans la mesure où 10 ans plus tard (2005), les assemblées, dans la corporation, consécutives au prononcé sur le ’’traité’’ devaient massivement confirmer le rejet de l’Europe, en dépit des singuliers attermoiements confédéraux, cégétiste... Même cohérence au long cours pour une majorité du peuple français, lequel aujourd’hui encore, persiste et signe ! Les forces existent, sur le tas, à distance des ’’stratégies de strapontins’’ !!!
Ce rejet persistant, ne peut être le produit de la spécieuse démagogie des blattes nationalistes, même si leur faculté de récupération n’est plus à démontrer comme elle est caractéristique de tous les fascismes, depuis 1920...
Il est une réactivité consciente ou instinctive face à ceux qui prétendent remettre à zéro les compteurs de l’histoire ! Il reste à lui ouvrir les chemins de la lutte et des convergences de classe qui s’imposent !
En tout état de cause, la prétention de finaliser le racket sur la propriété nationale comme celle d’imposer une politique ferroviaire explicitement contraire à l’intérêt du pays, ne sont pas négociables... Les conditions de la lutte, sur le tas, doivent être effectivement crées, afin d’abattre la réforme et d’ouvrir enfin une perspective : ’’renverser le paysage inexplicable du mensonge’’, écrivait Paul-Eluard !
M. Gagliano
4 - ci-dessous en fichier joint le 4 pages de la CGT.