Développer la culture sécuritaire
Le guide diffusé par le gouvernement à destination des parents d’élèves titre sa première partie : « Comment développer une culture commune de la sécurité ? ». Il l’introduit par « La sécurité et la vigilance sont l’affaire de tous ».
Le vocabulaire employer est clair : il faut développer la culture sécuritaire. Chacun doit y prendre part. L’unité nationale est au centre du discours. L’ennemi commun est identifié, la mission de chacun est de contribuer à lutter contre celui-ci.
Nouvelles mesures dans l’école
Ici aussi, on comprend que l’objectif est moins d’éviter un incident que d’entretenir un climat de peur tant les consignes sont ridicules.
Ainsi, un nouvel exercice de PPMS (Plan Particulier de Mise en Sûreté contenant les exercices incendie, des confinements en cas d’acident industriel...) prévoit une alerte intrusion.
En lisant la circulaire ou les différents fichiers à disposition des parents et des directeurs d’écoles (et des potentiels terroristes... en téléchargement libre), on apprend que les directeurs recevront un SMS en cas d’attaque (l’éducation nationale découvre les télécommunications), que les enseignants doivent se cacher ou fuir avec leur classe (on n’y avait pas pensé, merci le gouvernement) ou encore qu’il ne faut pas courir en direction du ou des terroristes. Quelle imposture !!!
Si les enseignants en maternelle ne sont pas obligés d’expliquer à leurs élèves le pourquoi de l’exercice, à partir du CP (6 ans) et jusqu’à la fin de la scolarité, les professeurs sont invités à être plus explicites sans pour autant préciser jusqu’à quel point. Quel est l’impact psychologique sur un enfant de 6 ans à qui on explique qu’une personne peut entrer à tout moment dans son école pour lui faire du mal ? Quelle justification du geste va être amener ?
L’exercice est à mettre en place avant les vacances de la Toussaint et à renouveler tous les ans. Il ne s’agit ni plus ni moins qu’un endoctrinement violent de notre jeunesse au service d’une idéologie dominante va-t-en guerre.
Un jumelage entre le ministère de l’éducation et le ministère de l’intérieur ?
La circulaire commune du ministère de l’Éducation nationale et du ministère de l’intérieur du 29 juillet, adressée aux préfets, recteurs, inspecteurs d’académies, directeurs académiques des services de l’éducation nationale, fixe le cadre.
Elle annonce un renforcement des liens entre le préfet de police, les collectivités territoriales (missions de police des municipalités) et l’éducation nationale. Chaque écoles et chaque établissement aura un référent police ou gendarmerie identifié. Les autorités académiques doivent, pour chaque département, nommer un référent sûreté en charge de vérifier l’effectivité des mesures de sécurité. Ils assurent le lien entre les établissements scolaires et le maire au titre de ses pouvoirs de police. La circulaire prévoit aussi des formations des cadres de l’éducation nationale à ces mesures de sécurité qui seront assurées avec l’aide de l’École supérieure de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche. Un exercice-cadre est aussi prévu entre le préfet et les autorités académiques pour renforcer la collaboration entre l’administration éducative et la police.
Des formateurs « sûreté » de l’éducation nationale seront chargés de mettre en place un module de formation ou de sensibilisation pour les équipes pédagogiques ou éducatives qui sera également mis à disposition des écoles supérieures du professorat et de l’éducation (ESPE, école de formation des professeurs).
La première réunion de rentrée avec les parents doit être assuré par les directeurs d’école (école primaire), les chefs d’établissement (collèges et lycées) pour rappeler les règles de sécurité, leur exposer les mesures de sécurité prises et pour solliciter, leur aide pour la sensibilisation et la mise en œuvre des règles de sécurité. Un représentant de la commune est aussi invité à se rendre à cette réunion.
Les consignes du ministère imposent aussi un adulte à chaque entrée d’établissement pour contrôler les entrées et sorties, éventuellement effectuer un contrôle visuel des sacs et pour vérifier l’identité des personnes étrangères à l’établissement. Le gouvernement ne prévoit, bien entendu, aucun budget supplémentaire pour le recrutement de ce personnel. Ces tâches seront donc assurées par du personnel de l’établissement (administratif, assistant d’éducation, enseignant...) au détriment de leur travail habituel auprès des élèves. Le personnel éducatif n’a pas à exercer des missions de police.
Dans le second degré, l’apprentissage des gestes de premiers secours est mis en lien avec la « menace terroriste ».
La dénonciation des élèves et personnels « en voie de radicalisation »
Les autorités académiques doivent communiquer à la préfecture les élèves et personnels signalés comme « en voix de radicalisation », la préfecture doit aussi faire redescendre ses données vers l’administration académique.
La circulaire du 29 juillet 2016 conclut comme suit : « La sécurité des écoles et des établissements scolaires est une priorité absolue. Elle concerne au premier rang l’État, mais implique aussi les collectivités territoriales et l’ensemble de la communauté éducative, qui doit être impliquée pour prévenir la menace et développer une culture pérenne de la gestion des risques. »
Les courriers envoyés aux présidents des associations des élus des collectivités territoriales (régionales, départementales, municipales) rappellent : « La sécurité des établissements scolaires est l’affaire de tous : État, collectivités, chefs d’établissement, personnels, parents d’élèves. C’est l’ensemble de nos efforts conjugués qui permettra à l’école de rester un lieu protégé pour que les élèves puissent réaliser leur scolarité en toute sérénité »
C’est pourtant en lisant toutes ces mesures que nous prenons conscience que l’indépendance et le lieu privilégié que sont l’école et les établissements scolaires subissent un recul historique. Son utilisation à des fins d’endoctrinement est flagrante. L’utilisation et la formation du personnel scolaire à une autre mission qui est la sienne : l’éducation de la jeunesse, nous ramène aux pires périodes de l’histoire ou aux régimes actuels à tendance fasciste.
Nous ne nous faisons pas d’illusion sur l’objectif réel de cette orientation. Il s’agit bien de détourner les regards des véritables enjeux décisions : la casse sociale, la liquidation de nos services publics, le transfert de notre argent vers le Capital, vers cette minorité de nantis qui engrange des millions sur notre misère.
S’il est un danger qui est bien réel, c’est celui de la disparition de notre liberté d’expression. Ces mesures de pseudo sécurité sont une porte ouverte à toutes les dérives autoritaires : interdiction des manifestations, interdiction des distributions de tract, interdiction de toute contestation réelle sous prétexte d’une priorité à la sécurité nationale.
Si l’État voulait lutter contre le terrorisme, qu’il cesse de l’alimenter avec ses accords internationaux avec le Qatar et l’Arabie Saoudite, principaux financiers de DAESH ; qu’il cesse, le temps d’assurer la sécurité du territoire, ses mesures austéritaires, sa liquidation de nos droits, de nos emplois, de nos hôpitaux et de nos écoles ;
Si l’on fait un ratio entre le risque d’une telle attaque, l’inefficacité des mesures et l’impact psychologique sur toute une génération d’enfants et de parents, on comprend à nouveau que les objectifs sont très éloignés de ceux affichés. Ces mesures ne sont pas faites pour rassurer, ni pour protéger et encore moins un aveu de l’impuissance d’un gouvernement. Elles sont volontaires et réfléchies. Elles ont clairement un rôle dans les plans du Capital : accentuer encore le formatage idéologique de la population.
Le dernier article du ministère de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la recherche en date du 24 août 2016 met l’accent sur la nécessité de consacrer des temps à la sécurité, non seulement au sein des équipes éducatives mais aussi avec les parents d’élèves.
Communistes, enseignants et personnels de l’éducation nationale communistes, nous appelons nos collègues, les parents d’élève, toute la communauté éducative à ne pas accepter cette campagne idéologique sécuritaire et militariste à l’école. Nous appelons au contraire, chacun dans nos fonctions, à promouvoir la culture de paix et de fraternité.
Communistes, dans et hors l’école, nous appelons à se mobiliser pour l’arrêt immédiat des ventes d’armes aux dictatures qui alimentent les milices terroristes, à toutes les dictatures, pour l’arrêt immédiat des interventions militaires françaises à l’étranger et le retour de tous les soldats français sur le sol français, à la baisse des dépenses d’armement, au désarmement nucléaire unilatéral de la France. Nous demandons la levée immédiate de l’état d’urgence.
L’argent pour l’école, pas pour la guerre !