Parti Communiste Français Section de Saint-Martin d’Hères
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SNCF : àprès la grève du 9 octobre, le mouvement monte en puissance contre la « réforme ferroviaire » !

octobre 2013, par Saint Martin d’Hères

Après le succès de la mobilisation du 13 juin – 50 % de grévistes, plus de 70% parmi les agents de conduite et les contrôleurs – la journée d’action des cheminots, à l’appel de la CGT, le 9 octobre, a constitué un moment important dans le développement de la lutte pour mettre en échec le projet de « réforme ferroviaire ».

Le projet de loi devrait être soumis au Parlement à la fin de l’année ou au début 2014. Il prépare l’éclatement de la SNCF, étape décisive dans la poursuite du processus de mise en concurrence et de privatisation du rail.

L’action du 9 octobre a porté l’opposition au « 4ème paquet ferroviaire » européen qui programme la « libéralisation » du transport de voyageurs pour 2019, perspective dans laquelle se place la « réforme française. La journée a marqué combien le prétexte européen ne peut plus justifier le démantèlement du service public nationalisé.

Le PDG Pépy et le gouvernement sont en train de perdre la bataille des idées sur la nécessité de « l’euro-compatibilité » de l’avenir du rail. Les dégâts de cette politique sont trop évidents, dramatiques même dans les pays – Grande-Bretagne, Grèce (lien vers témoignages syndicaux) – qui ont poussé le plus loin le processus. La politique de l’Union européenne en faveur des trusts et du capital est massivement rejetée par les peuples. Elle n’a aucune légitimité à être appliquée en France.

Le PDG Pépy et le ministre Cuvillier sont aussi en train d’échouer aussi dans leur calcul pour masquer la réalité de l’éclatement de la SNCF avec leur « réforme ferroviaire ».

La ficelle est aussi grosse que le nouveau montage juridique de l’organisation du rail est embrouillé.

Il n’y a pas de « réintégration » de Réseau ferré de France (RFF) dans l’opérateur SNCF. La séparation entre la gestion du réseau, attribuée à RFF depuis 1997, et de l’exploitation est maintenue, à travers deux nouvelles entités « SNCF réseaux » et « SNCF mobilités ». Cette condition de la mise en concurrence est bien maintenue.

Mais le projet vise maintenant – ce que les gouvernements de 1996 et 1997 n’avaient pas réussi à imposer – à détacher les personnels de l’infrastructure et de la maintenance de ceux de l’exploitation, séparés dans les deux nouvelles entités. Objectif : cet éclatement satisfait une autre condition de la mise en concurrence et facilite la privatisation (sous-traitance, externalisation…) de tout ou partie (régions) de l’exploitation d’ici 2019.

En 1997, RFF avait récupéré l’essentiel de la dette de la SNCF. La réforme ferroviaire donne la possibilité d’en faire porter le poids sur les deux nouvelles entités. C’est le moyen que la pression pèse davantage sur les agents – dégradation des conditions de travail et de rémunération – et sur les usagers – hausses des tarifs, dégradation sur service rendu – pour enrichir la finance. Au nom du triptyque : productivité, compétitivité, rentabilité… Souvenons-nous comment la dette fabriquée de France-Télécom a atteint 70 milliards d’euros en 2000. 40 milliards ont été remboursés aux financiers depuis. A quel prix pour le service public et l’humain !

La « réforme » prémédite en même temps la fin du statut des cheminots SNCF parce qu’il est indissociable de l’existence de l’entreprise nationale et de son monopole public. Le ministre arrive avec ses gros sabots prétendant benoîtement souhaiter « un cadre social commun pour unifier la famille ferroviaire ». A terme, les dispositions subsistantes du statut, acquis de dizaines d’années de lutte, sont toutes menacées, notamment l’organisation du travail avec le dispositif RH77. Aucune illusion n’est à se faire. Le pouvoir veut entraîner les cheminots à négocier un moindre recul, un moins mal pour qu’ils se détournent de l’attaque fondamentale. Ils ne seront pas dupes ! Sur le plan social, la lutte qui s’impose, c’est gagner le rétablissement des acquis volés !

Les plans de Cuvillier et Pépy sont contrecarrés par un imprévu qui ne doit sans doute pas tout au hasard : la catastrophe de Brétigny. L’enquête révèlera, espérons-le, ses causes précises. Mais l’état de décrépitude du réseau, les manques criants de personnels à tous les niveaux, éclatent au grand jour. Les agents sont à bout, les usagers de plus en plus excédés. La situation est limite partout, intenable au moindre imprévu comme la neige. Les épanchements de M. Pépy, la mise en scène de sa générosité pour les victimes de Brétigny (un minimum !) n’arriveront pas à masquer à quoi la logique du profit et de la privatisation aboutit.

Par la lutte, les cheminots, les usagers avec eux peuvent et doivent gagner le retrait de la « réforme ferroviaire ».

Communistes, nous entendons contribuer pleinement à ce combat en militant pour :

  • le rejet de l’application des directives européennes,
  • le rejet de la régionalisation dans son état actuel et du système des appels d’offre (contre les présidents de région de droite ou de gauche qui réclament encore plus de libéralisation dans le rapport Auxiette, du nom du président PS des Pays-de-la-Loire)
  • la défense et le rétablissement intégral du monopole SNCF du transport ferroviaire, du statut et des conditions de travail SNCF

Le gouvernement a fait attention de décaler sa « réforme ferroviaire » pour qu’elle ne coïncide pas avec sa contre-réforme des retraites. Il a peur des cheminots, de leur combativité qui pourrait entraîner les autres salariés. Il a raison !

Tous ensemble comme en 1995 !