Parti Communiste Français Section de Saint-Martin d’Hères
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Analyse politique générale avant les annonces de Macron

avril 2019, par Saint Martin d’Hères

La politique structurelle de casse sociale et démocratique, aggravée par Macron, se déroule tranquillement. Le mouvement social ne l’entrave pas, voire même, avec les Gilets jaunes et le Grand débat, le pouvoir arrive à l’instrumentaliser à ses fins.

Le CICE est transformé en 20 milliards d’euros par an de nouvelles exonérations de cotisations sociales patronales. Le prélèvement à la source, prélude à la gravissime perspective, dénoncée par la CGT, de fusion de la CSG et l’impôt sur le revenu, semble passer, malgré son impact et l’impossibilité du gouvernement à le justifier. Le budget militaire explose sans véritable contestation etc.

Ces semaines même, le pouvoir fait passer la loi Blanquer contre le lycée, le bac, la voie professionnelle et l’égalité d’accès à l’université, la loi Buzyn contre l’offre publique de soins, la loi « mobilités » qui prépare, entre autres, après la contre-réforme de la SNCF, le démantèlement et la privatisation de la RATP. Avancent dans les tuyaux la nouvelle casse des retraites et celle de l’assurance chômage, la nouvelle attaque contre le statut de la fonction publique. La liste est sans fin.

Pour nous communistes, notre priorité est d’organiser les luttes contre les contre-réformes gouvernementales. A l’approche des élections européennes, le lien devrait être encore plus évident avec les véritables propositions de rupture avec l’UE du capital tel que (non exaustif) :

• Pas de légitimité aux aides, aux cadeaux au patronat, comme la « modulation » de l’impôt sur les sociétés, la redistribution du CICE aux PME : tout cela finit dans le profit capitaliste. Les comptes de la Sécu s’améliorent du fait des contre-réformes passées et de la « croissance » : aussitôt, par les « concessions » aux GJ, le gouvernement redistribue l’argent au patronat.

• Reconquête et défense de toutes branches de la Sécurité Sociale par une augmentation générale des salaires et réappropriation du salaire socialisé pour les financer (baisse jusqu’à la suppression de la CSG). Toutes choses intolérables dans le cadre des directives de l’UE pour la privatisation de la santé, de nos retraites permettant d’accroître de façon exponentielles les profits des multinationales d’assurances.

• Nationalisation de toutes banques privées en commençant par la Banque postale.

• Défense du statut des fonctionnaires Etat – Hospitalier – Territoriaux, pour servir et défendre nos grands services publics sur l’ensemble du territoire français et bloquer l’Europe des régions (métropolisation / régionalisation) et le fédéralisme ;

• Monopoles publics SNCF – Energie (EDF-GDF-Suez-etc) – La poste – Les télécommunication, non à l’application des directives d’ouverture à la concurrence de l’UE.

Avec le « Grand débat national », le pouvoir est parvenu à cadrer la contestation. Macron s’est montré le premier et l’un des plus habiles des « populistes ». Avec son grand débat avec le « peuple », en réalité, le pouvoir échange avec sa propre idéologie dominante. Il fait les questions et les réponses. Le pouvoir a choisi un « partenaire social » qui ne met pas en cause ses contre-réformes fondamentales et qui renforce les oppositions politiques qui ne lui nuisent pas. Ce qui en fait un partenaire social privilégié est l’extrême diversité des Gilets jaunes, notamment géographique, et la pénétration, souvent, d’éléments – disons « poujadistes » – dans ses noyaux, avec les limites de leurs revendications générales.

Le soutien dans l’opinion, a indiscutablement traduit la colère sociale, dont celle du monde du travail. Le mouvement des GJ a fait rentrer quelques dizaines de milliers de travailleurs, le plus souvent étrangers aux mobilisations sociales syndicales, dans une forme d’action collective.

Toutefois, en dehors de la baisse des taxes sur les carburants, et peut-être du RIC, les revendications des GJ vont dans tous les sens,. Même au nom du « pouvoir d’achat », elles restent très imprécises, comprenant un peu de meilleur et beaucoup de pire (comme les baisses de cotisations sociales alimentant notre sécurité sociale). Le mouvement ne s’est jamais attaqué à l’entreprise. C’est pourquoi, ils ont pu être soutenus aussi bien par Besancenot, Dupont-Aignan, Mélenchon, Le Pen ou Tapie.

Le mouvement des GJ, par sa faiblesse d’identification est présenté comme l’expression du peuple. Il a été investi par de nombreux groupes opportunistes. Il est difficile de reconnaître dans les insulteurs de Finkielkraut les occupants des ronds-points.

En définitive, le pouvoir, son idéologie dominante et ses médias arrivent à parler au nom des GJ, via telle ou telle figure. Ils ont trouvé un interlocuteur, une « opposition » sur mesure dont ils ont renforcé le statut aussi bien par les fausses concessions sociales de décembre que par la répression.

Grâce aux GJ, Macron est maître du calendrier et de l’ordre du jour du débat politique national. Il coordonne ses conclusions du « grand débat » avec la campagne des Européennes. Nous pouvons notamment nous attendre à voir la question de l’immigration et des migrants investir la place publique. Nous devons nous y préparer.

Pour les communistes, la question n’est plus de savoir s’il est opportun que des « Gilets rouges » tendent la main aux « Gilets jaunes », mais comment les luttes contre chaque contre-réforme de Macron se renforcent.

Dès le 1er mai, nous allons faire le maximum pour que les mobilisations syndicales de travailleurs portent ces revendications de ruptures et de résistances aux contre-réformes structurelles du pouvoir.

Sur le « référendum d’initiative citoyenne », avec désormais un garde-fou sur le périmètre des sujets possibles (en contradiction avec le principe du RIC) : Macron a agité l’idée de convoquer un référendum, après les conclusions de son « grand débat », peut-être le même jour que les Européennes. Toute cette campagne a un sens pour le pouvoir, éloigné de nos préoccupations quotidiennes. Elle rentre entièrement dans sa stratégie populiste et démagogique : « la vérité sortirait de la bouche du « peuple », c’est pour cela qu’on ne le laisse pas s’exprimer directement ». Il n’y a pas mieux pour occulter la lutte des classes !

Quand on évoque un référendum, on ne peut pas ne pas penser à la victoire du NON au traité européen en 2005 et à comment le vote populaire (en l’occurrence de classe) a été bafoué. Nous devons continuer à porter le refus de l’application en France des traités, directives et règlements européens. Sinon à quoi bon agiter l’idée RIC ? Macron a bien intégré cette dimension. Explicitement, il répond que son élection en 2017 a réglé la question en faisant élire le président du Oui à l’UE contre Le Pen. Et s’il faut le refaire, les élections européennes sont là devant nous avec un bulletin OUI-en Marche et un « pseudo » bulletin NON-Rassemblement national. Le calcul est habile.

Le rejet de classe de l’UE et de ses directives anti-sociales est massif et majoritaire dans notre pays. Les communistes de SMH continue de le porter sur des positions de classe : celle de la classe ouvrière.

Et si Macron organisait un RIC ?

Voir en ligne : A lire : Et si Macron convoquait un référendum sur la priorité à la lutte contre le réchauffement climatique ?