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XIVème Congrès du PCV : les communistes réaffirment leur alliance historique avec le parti de Chavez pour approfondir la révolution bolivarienne mais ne taisent pas leurs critiques

août 2011, par Saint Martin d’Hères

Le XIVème Congrès du Parti communiste vénézuelien qui se tenait du 4 au 7 août à Caracas fut le point culminant de plusieurs mois de débats dans le parti autour du thème du renforcement de la révolution et de son orientation socialiste. Un congrès capital dans une période d’incertitudes autour de l’avenir de la révolution bolivarienne.

Parmi les questions posées au débat, l’avenir de l’alliance socialiste-communiste a occupé une place centrale.

A court terme avec la campagne des présidentielles de 2012, à long terme avec la question de la direction collective du processus de révolution bolivarienne.

Certes, le PCV a réaffirmé sa fidélité au processus de révolution bolivarienne, et à son leader historique Hugo Chavez mais il a aussi défendu son indépendance idéologique et organisationnelle.

Un parti qui ne tait pas ses critiques sur une révolution qui ne tient pas toutes ses promesses...

Dans les dernières semaines, les médias privés se sont gargarisés sur les tensions entre les deux forces qui composent l’alliance au pouvoir, le PSUV de Chavez et les communistes, spéculant même sur une rupture proche.

Il faut dire que le soutien des communistes s’est révélé de plus en plus important pour le parti de Chavez avant tout car le PCV est le « seul allié qui nous reste », dixit Chavez avant les législatives de 2010 et après la rupture avec les dernières formations opportunistes parties prenantes de la coalition, comme le PPT (Patrie pour tous).

Mais aussi car le PCV est une force porteuse d’une ligne politique révolutionnaire claire et conséquente, qui n’abdique pas son esprit critique face aux limites du chavisme, tant sur le plan politique, économique qu’international.

Sur le plan politique, les communistes dénoncent un flou idéologique et politique dans la direction du processus révolutionnaire, avec un PSUV – parti fourre-tout et en plein collusion avec le pouvoir étatique – sans consistance idéologique et organisationnelle, et l’absence d’une direction collective, thème majeur de ce Congrès.

Sur le plan économique, le bilan de douze ans de chavisme dressé par les économistes du parti est plus que mitigé.

Certes, grâce à la redistribution de la rente pétrolière, la pauvreté recule (de 49,4 à 27,6% entre 1999 et 2008), les inégalités les plus extrêmes se réduisent ; grâce aussi aux missions avec une aide cubaine décisive, l’alphabétisation et l’accès aux soins de santé se développent.

Mais le pays n’a pas subi de transformation profonde de sa structure productive.

Pire, le secteur privé sort renforcé de ses douze années. En 1999, 68% de l’économie était entre des mains privés, aujourd’hui, les capitaux privés contrôlent 71% de l’économie.

Le PCV propose, lui, une série de réformes structurelles pour parvenir à cette transformation socialiste de l’économie reposant sur un fort secteur nationalisé et la planification démocratique.

Enfin, sur le plan international, le PCV a exprimé avec des mots durs sa réprobation du rapprochement récent du président Chavez avec la Colombie de Santos, livrant notamment les dirigeants des FARC Joaquin Becerra et Julian Conrado à l’État fascisant.

En avril dernier, le PCV déclarait même que la « confiance était brisée » avec le président Chavez.

...mais qui reste le fidèle allié de Chavez et une force indispensable pour la transition au socialisme

En dépit de toutes ces critiques de fond, parfois dures, le PCV reste dans l’analyse concrète de la situation concrète.

Dans la situation actuelle, Chavez et le PSUV se trouvent naturellement toujours du côté de la révolution, et les partis de droite (mais aussi opportunistes de gauche) du côté de la réaction.

Et il s’agit donc de défendre, d’approfondir et de ré-orienter le processus de révolution bolivarienne socialiste.

Le premier jour du Congrès fut marqué par l’intervention téléphonique d’Hugo Chavez, luttant de toutes ses forces contre un cancer, et réaffirmant le caractère central pour lui de l’alliance avec les communistes « non comme quelque chose de conjoncturel, mais comme une nécessité historique ».

Le Congrès du PCV a réaffirmé son soutien plein et entier au président Chavez en vue des présidentielles de 2012 décevant les espoirs des médias bourgeois :

« C’est important que nous ayons envoyé un message clair aux secteurs de la réaction, de la contre-révolution et de l’opposition permanente, qui ont voulu construire un mouvement d’opinion sur un état supposé de fracture et d’affrontement, et sur une décomposition du soutien du parti au processus politique vénézuelien.

Avec cette décision, nous leur disons : messieurs, redescendez sur terre. L’organe suprême du PCV a décidé de soutenir la candidature du Président », a déclaré le secrétaire-général du PCV Oscar Figuera, réélu à l’occasion.

La constitution du pôle patriotique ? oui, si c’est pour une direction collective de la révolution, non si c’est pour liquider le PC !

En octobre 2010, Hugo Chavez proposait à ses alliés, en premier lieu le Parti communiste, une forme de coordination plus structurée et durable : le Pôle patriotique. Le PCV avait réagi positivement à l’idée sans taire ses préoccupations.

Le Congrès du PCV devait fixer la ligne officielle du Parti vis-à-vis du Pôle patriotique. La réponse se place sur le contenu de cette alliance, son incidence sur la direction du processus révolutionnaire et sur l’avenir du parti.

Le PCV acceptera le Pôle patriotique à deux conditions : qu’il soit une direction collective du processus révolutionnaire et qu’il ne remette pas en cause l’existence du Parti.

Oscar Figuera clarifie en ce sens sa définition du Pôle tel qu’il le conçoit : « le Pôle doit être un large front national anti-impérialiste qui se dote d’une direction collective et intègre l’ensemble des forces non pour se battre pour les postes au Gouvernement, mais pour débattre en profondeur sur notre mode de gestion, les propositions que nous devons développer ensemble, à partir d’une perspective critique et auto-critique, signaler où nous considérons qu’il existe des lacunes pour pouvoir les corriger et avancer dans le processus. Nous sommes demandeurs d’un espace dans lequel nous pouvons apporter notre opinion. »

Mais pour le secrétaire-général, il n’est pas question de s’engager dans un processus flou, qui porterait atteinte à l’indépendance du parti : « Nous n’allons pas nous intégrer là-dedans aux niveaux régionaux et municipaux jusqu’à ce qu’il y ait une définition de ce qu’est le Pôle patriotique. Personne ne peut intégrer quelque chose que l’on a pas défini. C’est une résolution du congrès. »

Et si le Pôle ne répond pas à ces objectifs, ajoute Oscar Figuera, on privilégiera un autre espace de coordination plus limité mais plus sûr pour éviter la liquidation du point de vue et de l’organisation communiste.

En 2007, le président Chavez avait déjà tenté de passer en force pour dissoudre le Parti communiste dans le PSUV. Malgré les pressions et les invectives de Chavez, le PCV avait refusé de se saborder. Quatre ans après, le bien-fondé de cette décision anti-liquidatrice est manifeste.

Et le Congrès du PCV persiste sur cette voie puisqu’il a également insisté sur la nécessité de renforcer le PCV comme un élément indispensable pour approfondir la révolution vénézuelienne, et de « ré-organiser sa vie interne vers le développement d’un effort beaucoup plus soutenu vers les travailleurs et la classe ouvrière. »

Article AC pour http://solidarite-internationale-pc...