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Ré-élection de Bouteflika en Algérie : pour les communistes, les luttes doivent continuer

avril 2014, par Saint Martin d’Hères

Les luttes des travailleurs et des masses populaires continuent pour leurs revendications sociales, les libertés démocratiques réelles, la relance du développement, la défense de la souveraineté du pays face au danger des ingérences impérialistes, la perspective stratégique du socialisme

Les résultats officiels de l’élection présidentielle du 17 avril ne constituent pas une surprise. Bouteflika l’aurait remportée par 8,3 millions de voix sur un total de 11,3 millions de votants selon les chiffres annoncés par le ministre de l’Intérieur. Ces chiffres sont à prendre avec des pincettes*. La machine de la fraude a fonctionné. Cependant, l’ampleur des trucages a été cette fois-ci relativement moindre. Les chiffres des votes en faveur de Bouteflika ont pu être grossièrement gonflés surtout dans les campagnes et les endroits reculés où l’emprise des appareils du régime est quasi-absolue et où la combativité des masses est très faible. Son principal rival, Benflis, affirme que la fraude a été massive et qu’il ne reconnaîtra pas les résultats proclamés.

Les luttes démocratiques de différentes catégories de la société ont porté. Si elles n’ont pas fait complètement disparaître la fraude, elles l’ont rendue plus difficile. Les divergences qui ont éclaté au sein du régime quelques semaines avant le scrutin électoral ont également contribué à les compliquer. Preuve en est que les chiffres annoncés ne peuvent cacher le fait que Bouteflika a récolté 4,6 millions de voix de moins qu’en 2009.

Les chiffres du ministre de l’Intérieur n’ont pu dissimuler que les abstentionnistes et les votes nuls représentent la majorité du corps électoral. Si l’on tient compte des millions de citoyens qui ne sont pas inscrits sur les listes électorales et que le ministère de l’Intérieur passe sous silence, il apparaît que deux tiers au moins de la population en âge de voter ne se reconnaissent pas dans le régime.

De très nombreux jeunes ne se sont pas inscrits sur les listes électorales. Ce refus traduit leur dégoût pour la consultation électorale. Ils n’en attendent rien de concret pour la satisfaction de leurs besoins immédiats à un emploi, à une vie et à un avenir dignes. La seule chose que le régime de la bourgeoisie leur a offerte c’est de quitter leur pays pour d’autres à la recherche de leur gagne-pain quotidien. Ils n’ont pas choisi d’émigrer de leur propre gré. La bourgeoisie leur a volé leur patrie.

Représentant la grande bourgeoisie et les couches moyennes enrichies par les affaires lucratives, Bouteflika a regroupé autour de lui tous ceux qui veulent la stabilité pour continuer à piller les ressources du pays dans la bonne entente avec les puissances impérialistes.

Benflis n’aurait réuni autour de son nom que 1 245 000 voix. Il n’a pas reçu le soutien des travailleurs conscients qui ont compris que par ses objectifs économiques et sociaux il n’était qu’un simple candidat parmi d’autres de la bourgeoisie. De très nombreux démocrates se sont également détournés de lui après sa promesse de réhabiliter politiquement les chefs du FIS, mouvement fasciste qui a utilisé la religion pour tromper les masses populaires, responsable du massacre de plus de 100 000 citoyens civils et militaires durant les années 1990.

Louisa Hanoune, responsable du parti trotskyste dit des travailleurs, aurait réalisé 140 000 voix contre 604 000 en 2009. Elle a été chouchoutée par le régime depuis 1989 puis par Bouteflika qu’elle a soutenu sans défaillance pour sa politique de réconciliation avec le FIS. Son existence médiatique et électorale fait partie du jeu du régime qui la tient en laisse et veut faire croire que les travailleurs sont représentés sur la scène politique. Le régime l’a toujours récompensée, aux législatives ou aux présidentielles, en lui octroyant des voix dont nul ne peut certifier l’ampleur véritable et l’authenticité. Cette fois-ci, il l’a lâchée, probablement à cause de ses hésitations au début à appuyer le 4 ème mandat de Bouteflika. Beaucoup parmi ceux qui avaient l’habitude de voter pour elle ont fini par découvrir son double jeu. Elle s’est maintenant complètement déconsidérée par ses déclarations sur l’honnêteté du scrutin et sur son affirmation que la stabilité du pays passait avant ses résultats électoraux.

Les trois autres candidats ont reçu des miettes pour avoir servi à donner crédit à la fiction d’une élection ouverte.

La peur de l’exploitation des conflits internes du pays par les Etats impérialistes, la hantise du retour aux années noires du terrorisme des groupes obscurantistes, le climat de tension créé par l’éclatement au grand jour des divergences au sein du régime, ont freiné la combativité des masses. Ils ont incité des franges populaires de la société à voter en faveur de Bouteflika. La propagande du régime l’a inlassablement présenté comme le garant de la paix civile. De plus, la large médiatisation par les chaînes de télévision privées internes ou étrangères, notamment françaises, de la soudaine agitation de petits groupes d’opposants contre le quatrième mandat a provoqué, jusqu’au sein des masses, un climat de méfiance vis à vis de tous ceux qui contestent le régime. Elle a servi la stratégie de ce dernier.

En définitive, une majorité écrasante de la population a exprimé son rejet du régime que ce soit en s’abstenant de voter ou en votant nul.

Les motifs politiques de ce rejet ne sont pas les mêmes. Il y a la masse des travailleurs qui exprime son indignation contre les inégalités sociales, la misère, la corruption, l’arbitraire et l’étouffement des libertés démocratiques, qui aspire à des changements qui améliorent son sort. Il y a dans les couches moyennes ceux qui défendent le capitalisme et réclament des réformes accélérées pour protéger ses “acquis” d’une révolte populaire. Ceux-là pensent que le meilleur moyen d’arriver à cette fin est de changer de méthodes de gouvernement et de s’appuyer sans fard sur les puissances impérialistes.

Il y a au sein des couches de la petite-bourgeoisie des franges qui croient pouvoir éliminer les manifestations les plus intolérables du régime de la bourgeoisie et arracher des libertés démocratiques sans remettre en cause ce régime dans ses fondements. Il existe aussi une proportion de citoyens encore influencés par l’idéologie obscurantiste dont le contenu économique et social réel est l’instauration d’une domination terroriste des exploiteurs à l’ombre d’un Etat théocratique.

Les luttes politiques et sociales de ces dernières années ont cependant élevé le niveau de conscience de nombreuses couches sociales, notamment parmi les jeunes. Elles ont exacerbé l’indignation des masses, renforcé la recherche d’une alternative démocratique populaire de progrès. Elles ont suscité des craquements au sein du régime. Malgré leur fardage frauduleux, les résultats avoués révèlent un affaiblissement politique du régime.

Ces élections et la victoire de Bouteflika ne changent pas la contradiction criante qui opposent la grande masse des travailleurs et du peuple à une petite minorité d’affairistes mafieux et d’exploiteurs.

Le vote est une forme de luttes parmi d’autres qui préparent des lendemains plus favorables à l’activité des masses pour un changement radical. Il faudra continuer à combiner toutes les formes de lutte, électorales ou non électorales, en vue de cet objectif. Mais ce n’est pas des urnes qu’il faut attendre l’amélioration des conditions de vie des travailleurs et des masses laborieuses, les libertés démocratiques politiques et syndicales, les changements socio-politiques radicaux et l’instauration d’un régime démocratique populaire de progrès qui ouvre la voie à la perspective socialiste. La réalisation de ces aspirations sera le résultat de la lutte quotidienne, de façon organisée et unitaire, dans les usines, les chantiers de construction, les universités, les quartiers populaires, dans les villes et les campagnes.

Les communistes organisés dans le Parti Algérien pour la Démocratie et le socialisme, inspirés par le combat de leurs aînés du PCA et du PAGS, feront tout pour se placer à la tête de toutes les luttes des ouvriers, des paysans, des jeunes, des femmes et des autres couches laborieuses du pays pour la satisfaction de leurs aspirations immédiates et à venir, pour la construction de la société socialiste. Le renforcement de l’avant-garde communiste, le PADS, demeure la clé du succès de ces luttes.

*Le taux officiellement proclamé de 81,5 % ne tient pas compte du 1,1 million de nuls, alors qu’il les réintègre dans ses calculs pour faire admettre qu’une majorité d’électeurs, soit 51,7% des inscrits s’est rendue aux urnes. Jusque dans le détail, le ministère de l’Intérieur veut faire croire à un triomphe écrasant. Le nombre d’abstentionnistes officiellement reconnu est de 10,6 millions. Au total, sur un corps électoral officiel de 21,9 millions, le nombre des abstentionnistes et des votes nul ou blanc, a été de 11,6 millions. Le taux des voix exprimés est de 46,7%. Celui des électeurs qui ont exprimé leur défiance pour le chef de l’Etat et les autres candidats est de 53,3%.

Communiqué du Parti algérien pour la démocratie et le socialisme repris par http://solidarite-internationale-pc...