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Les nationalisations toujours à l’ordre du jour en Amérique latine : la Bolivie prend le contrôle de la distribution de l’électricité

janvier 2013, par Saint Martin d’Hères

Les nationalisations sont bien à l’ordre du jour en Amérique latine : après le pétrole argentin, le réseau électrique bolivien plus tôt dans l’année, le gouvernement d’Evo Morales a décidé cette fois de poursuivre sa politique de nationalisation avec la distribution de l’électricité.

Les nationalisations sont bien à l’ordre du jour en Amérique latine : après le pétrole argentin, le réseau électrique bolivien plus tôt dans l’année, le gouvernement d’Evo Morales a décidé cette fois de poursuivre sa politique de nationalisation avec la distribution de l’électricité.

Un cadeau de fin d’année pour le peuple bolivien. Le président Evo Morales a annoncé ce samedi 29 décembre la nationalisation de Electropaz et ELFEO, deux filiales de l’entreprise espagnole Iberdrola, chargées de la distribution de l’électricité dans les départements de La Paz et Oruro.

Derrière cette mesure, un impératif de service public : « Nous avons été contraints de prendre cette mesure pour que les tarifs du service électrique soient équitables dans les départements de la Paz et Oruro, et que la qualité du service électrique soit uniforme dans les espaces ruraux et urbains », a justifié Evo Morales.

Il s’agit de garantir « le droit humain des citoyens qui vivent dans les espaces ruraux, en n’amputant pas leur niveau de vie », ajoute le président bolivien.

A l’heure actuelle, un usager à La Paz paie 7 centimes le kilowatt/heure contre 17 centimes pour un usager situé en zone rurale, plus du double.

Selon le décret 1448 signé par le président, toutes les actions détenues par Iberdrola dans les deux entreprises, soit 90% de Electropaz et ELFEO, passent entre les mains de l’Entreprise nationale d’électricité (ENDE) contrôlée par l’État.

Cette dernière mesure s’inscrit dans une longue liste de nationalisations : gaz en 2006, télécoms en 2008, plusieurs gisements de minerais ou champs pétroliers, enfin la distribution de l’électricité en mai 2012.

Cette nationalisation constitue toutefois une première. Alors que tous les décrets antérieurs concernaient des anciennes entreprises publiques privatisées, pour la première fois Evo Morales nationalise une entreprise qui n’a jamais été publique.

Le gouvernement espagnol, à l’agonie financièrement et soumis aux diktats de l’Union européenne, a regretté la décision du gouvernement et exigé une indemnisation « juste ».

Aucune déclaration syndicale à l’heure actuelle, du côté de l’UGT et des Commissions ouvrières. En mai dernier, les deux syndicats majoritaires avaient condamné la décision du gouvernement socialiste bolivien et soutenu leur gouvernement de droite, ainsi que le patronat espagnol.

La politique de nationalisations mais aussi l’avancée de l’âge de départ à la retraite et ses politiques sociales emportent l’adhésion d’une majorité de Boliviens. Selon un récent sondage réalisé par IPSOS, 55% des boliviens soutiennent Evo Morales.

Selon l’agence de l’ONU, la CEPAL (Comission économique pour l’Amérique latine), les résultats de la politique sociale d’Evo Morales sont incontestables : la pauvreté a été réduite de 61 à 49% entre 2007 et 2011, la pauvreté extrême de 34 à 25%.

Mais les résultats de cette politique sont précaires. S’appuyant sur son fief sécessionniste de Santa Cruz, sur le soutien des Etats-unis et jouant des contradictions internes du « bloc social et politique » gouvernemental, la bourgeoisie bolivienne tente d’inverser le processus révolutionnaire.

Un processus révolutionnaire qui n’est pas sans luttes. Chaque acquis social est une victoire conquise de haute lutte par la classe ouvrière et la paysannerie boliviennes.

Les luttes se développent dans tous les secteurs pour approfondir le processus révolutionnaire : indigènes pour le respect de leur terres, travailleurs de la santé pour leurs conditions de travail, mineurs récemment pour exiger la nationalisation des puits d’étain de Colquiri.

Si les six années de gouvernement d’Evo Morales ont permis d’inverser le rapport de force en faveur des travailleurs, l’économie reste encore largement entre les mains du privé. La tentation d’un « capitalisme andin » n’est toujours pas évacuée.

Soutenues par le peuple bolivien, ces nationalisations vont toutefois dans le bon sens. Elles créent les bases d’une démocratie sociale, condition préalable de la transition vers le socialisme.

Au moment où l’Europe en pleine crise tourne le dos aux nationalisations, ou s’en saisit comme moyen de renflouer la grande industrie et les banques, les gouvernements progressistes montrent une autre voie : sortir de la crise par des mesures de rupture avec le système capitaliste, par la construction du socialisme.

Article AC pour http://solidarite-internationale-pc...