Parti Communiste Français Section de Saint-Martin d’Hères
Accueil du site > Solidarité internationale > La fête du journal « Unsere Zeit » (1er au 3 juillet 2016) : manifestation de (...)

La fête du journal « Unsere Zeit » (1er au 3 juillet 2016) : manifestation de l’importance du Parti communiste allemand - DKP

juillet 2016, par Saint Martin d’Hères

Nous sommes trois camarades français du PCF, participant aux « Cahiers communistes » (et à ses sites internet), à avoir fait le voyage de Dortmund, les 1er, 2 et 3 juillet 2016, pour participer à la 19ème fête du journal « Unsere Zeit » (Notre temps) édité par le Parti communiste allemand (DKP).

Cette fête a traduit pour nous l’importance et le renouveau du DKP.

Le DKP reste la seule formation politique se réclamant communiste, héritière historique du Parti communiste d’Allemagne (KPD). Rappelons que le DKP a été constitué légalement à l’Ouest de l’Allemagne, en 1968, par les militants du KPD devenu clandestin après son interdiction inique par les autorités de la RFA en 1956.

A l’Est du pays et à Berlin, le KPD avait fusionné après la Libération avec une fraction de la social-démocratie, en RDA dans le SED (Parti socialiste unifié). Après l’annexion de la RDA, des éléments ont transformé le SED d’abord en PDS (« parti du socialisme démocratique ») avant de le fusionner dans le « Parti de gauche » puis simplement la « Gauche » (die Linke) avec des groupes et personnalités socio-démocrates de l’ouest, abandonnant toute référence au communisme.

Après l’annexion de la RDA par la RFA, le DKP a choisi de rester autonome à gauche, à côté du PDS puis de « Linke », et a étendu son activité à l’est du pays.

Depuis deux congrès, une ligne de réaffirmation des fondamentaux théoriques marxistes et léninistes, de positions de classe, s’est imposée dans le Parti.

Au dernier congrès (en deux phases fin 2015/début 2016), ont notamment été longuement discutés et décidés la rupture avec le Parti de la gauche européenne et l’abandon du statut d’observateur du DKP dans ce PGE.

En 2016, le DKP est très loin d’avoir retrouvé ses effectifs d’avant 1989 et tourne autour de 3500 membres.

La fête d’Unsere Zeit permet toutefois d’apprécier une influence beaucoup plus large, sous plusieurs aspects. Le journal, hebdomadaire de haute tenue, est diffusé très au-delà des seuls membres.

L’espace, dans la fête, de la SDAJ (Jeunesse ouvrière socialiste allemande), organisation de jeunesse sœur du DKP, était tenu par plus d’une centaine de jeunes militants de toutes les régions, déjà membres ou non du DKP.

Surtout la fête dans son ensemble, en elle-même, est un événement militant considérable : plusieurs dizaines milliers de visiteurs sur les trois jours, plusieurs scènes, une cinquantaine de stands, une importante « cité du livre » comme à la Fête de l’Humanité, des stands de publications comme le quotidien berlinois Junge Welt qui, en toute indépendance, sympathise avec le DKP.

Il s’agit d’une fête au caractère politique et culturel marqué et prédominant, y compris dans les spectacles, de loin la plus grande de ce type en Allemagne, à gauche.

C’est un lieu de rencontre festif et militant pour des militants et des sympathisants de gauche, surtout de gauche anticapitaliste pour lesquels le DKP reste une référence.

Nous avons pu assister à plusieurs débats – il y en a eu des dizaines - : à chaque fois, de vrais échanges d’analyses et d’expériences de lutte, avec des intervenants d’organisations diversifiées, notamment syndicales, devant une assistance attentive.

Nous avons par exemple entendu exposer les tentatives et les difficultés de construire une solidarité de classe entre les travailleurs allemands ou immigrés installés de longue date et les nouveaux réfugiés dont le pouvoir exploite cyniquement l’afflux pour déséquilibrer le marché du travail ou celui du logement.

Ailleurs, il était question d’organiser la résistance à la spéculation immobilière dans le centre-ville de Cologne ou à la paupérisation du quartier difficile de Marxloh à Duisbourg. Ailleurs était présentée une nouvelle édition allemande de « L’impérialisme, stade suprême du capitalisme » de Lénine…

L’édition 2016 a été marquée – outre par la pluie, mais il semble que ce soit traditionnel là-bas aussi – par le grand meeting sur la scène centrale pour la paix avec des intervenants de Syrie notamment.

La solidarité internationale contre l’impérialisme était fortement présente sur la fête. Un grand stand cubain, des stands turcs, kurdes, grec (KKE), irlandais… illustraient son caractère internationaliste. Une délégation du PCF du Pas-de-Calais, comprenant le maire de Grenay, était présente et a animé un débat pour la libération de Georges Ibrahim Abdallah.

La présence de 29 délégations officielles de partis communistes et ouvriers étrangers (le PCF national était excusé) souligne ce que représente le DKP sur ce plan aussi. Quelques jours après le vote au Royaume-Uni pour la sortie de l’UE, la question de la rupture avec l’UE du capital a alimenté beaucoup d’échanges.

Au fil des multiples conversations que nous avons pu avoir avec des animateurs de stands, des militants, des visiteurs, il nous semble que le DKP a dépassé la croisée des chemins : il a clairement décidé, dans un débat ouvert qui continue avec certains partisans de l’ancienne ligne de dilution politique à gauche, de rester et de s’affirmer pleinement comme parti communiste.

Mais un autre défi se présente, également dans un contexte de marginalité électorale. Ne pas être qu’un parti communiste témoin, une réserve théorique, un conservatoire de la riche histoire du mouvement ouvrier allemand, parfois un aiguillon anticapitaliste de la gauche, mais (re)-développer dans le mouvement social, dans le mouvement syndical, dans la lutte de classe, sans sectarisme mais avec confiance en soi, le parti de classe et de masse. Nous avons ressenti que c’était clairement la préoccupation de la direction du DKP et de nombreux militants, lucides mais optimistes.

Après chaque giboulée (au mois de juillet !), le soleil est revenu ! La fête a été une belle fête qui nous a enrichis et renforcés en tant que communistes français, confrontés à une situation certes différente mais en même temps bien similaire.

EDT pour « Solidarité internationale PCF – Vive le PCF », 10 juillet 2016