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L’adieu du peuple chilien à Luis « don Lucho » Corvalan, dirigeant historique du Parti Comuniste du Chili, secrétaire-général de 1959 à 1990, décédé à l’âge de 94 ans

août 2010, par Saint Martin d’Hères

Ce 21 juillet 2010, le Chili a perdu « le dernier dirigeant d’une génération de géants de la lutte politique et sociale du Chili au XXème siècle » pour reprendre les termes employés par Guillermo Tellier, président du PC Chilien lors de ses funérailles.

Note réalisée à partir des articles du Parti communiste du Chili (Traduction AC pour http://solidarite-internationale-pc...)

Luis Corvolan, surnommé affectueusement « don Lucho » par les camarades chiliens, avait 94 ans et toute sa vie se confondait avec celle du Parti Communiste auquel il a adhéré à 1932.

Instituteur de formation, il collabora à partir de 1934 à la rédaction des journaux communistes Frente Popular et El Siglo. Dès 1947, Luis Corvalan subit dans sa chair la répression d’Etat. Après l’interdiction du Parti communiste, il est interné dans les camps de concentration de Pitrufquén y de Pisagua.

La tête pensante de l’Unité populaire : des espoirs de « transition pacifique vers le socialisme » à la défaite

Entré au Comité Central en 1950, il devient à partir de 1959 le secrétaire-général du Parti Communiste du Chli (PCCh) et impulse la ligne de large rassemblement populaire, « l’Unité populaire », qui reposera notamment sur une alliance socialiste-communiste et un soutien à la candidature de Salvador Allende comme l’annonçait non sans humour Corvalan à l’époque : « Travailleurs de Santiago, peuple de la capitale, chers camarades, voilà la fumée blanche. Il y a un candidat unique. C’est Salvador Allende ».

Le succès de cette politique de rassemblement porta non seulement Salvador Allende à la tête de l’Etat, mais également 25 députés et 9 sénateurs communistes au Parlement. Elle porta également un grand espoir de changement et de transformation révolutionnaire de la société.

Avec une politique de réformes la plus audacieuse depuis le Front populaire, dont les plus symobliques restent la nationalisation du cuivre et la réforme agraire, le gouvernement d’union populaire créa les conditions propices à une transition du Chili vers le socialisme.

Comme le rappelait le secrétaire-général du PCCh, Lautaro Carmona, rendant hommage à la ligne politique animée par Corvalan : « Je crois que cette capacité d’articuler la lutte sociale, la lutte syndicale, avec la lutte politique parlementaire, la politique municipale, est une grande leçon ».

Puis vint la défaite. La « voie pacifique vers le socialisme » confrontée à la brutalité de la réaction. Un coup de force mené par Augusto Pinochet, soutenu par les Etats-Unis, liquida cette expérience socialiste chilienne, sans en entamer la puissance germinatrice.

Une reconnaissance infinie du Prix Lénine pour la Paix 74 envers cette « épopée des travailleurs » : l’Union Soviétique

Général défait, Corvalan connut le sort de tant de camarades vaincus : arrêté, incarcéré puis déporté à l’île de Dawson, il y est interné au camp de concentration de Ritorque. Il ne dut sa survie qu’à une intense mobilisation internationale animée en particulier par les communistes et dans laquelle l’URSS joua un rôle décisif en obtenant la libération de Corvalan en échange du dissident soviétique Vladimir Bukovsky.

Prix Lénine pour la paix en 1974, Corvalan garda toujours une reconnaissance infinie envers l’Union Soviétique et c’est pour cela qu’il fut, comme le rappelle le président du PCCh : « profondément touché par la chute de l’Union soviétique. Il entretenait une relation étroite et une forte proximité avec cette épopée des travailleurs et il fut pour cette raison un analyste profond et critique de cette expérience historique ».

Exilé jusqu’en 1983 en URSS, il revient mener la lutte au pays et impulsa de nouveau une ligne d’union populaire qui contribua à tourner la page de la dictature Pinochiste.

En 1989, il laisse sa place de secrétaire-général à Volodia Teitelboim, sans pour autant se retirer de la vie du parti. Il reste membre du Comité Central et participe jusqu’aux dernières semaines aux activités du parti. Le 6 juin dernier, pour son 94ème anniversaire, lui avait été décernée la récompense suprême du Parti communiste : la médaille « Luis Emilio Recabaren ».

Des milliers de Chiliens pour un dernier hommage à leur « don Lucho »

Ses funérailles nationales organisées le 24 juillet ont démontré la popularité toujours intacte du dirigeant historique du PCCh. Plusieurs milliers de personnes sont venues rendre un dernier hommage à ce combattant farouche pour la démocratie et le socialisme, suivant le cortège funèbre du siège de l’ancien Congrès national jusqu’au cimetière général.

Des milliers de voix chantant en coeur « El canto a la pampa », émouvante lettre de Fransisco Pezoa sur le massacre de 3 600 ouvriers le 21 décembre 1907, mise en musique par le groupe Quilapayun. Des milliers de mois reprenant le mot d’ordre de la fille de don Lucho : « Non à la grâce ! Non à l’impunité » pour les assassins de la dictature.

Parmi les personnalités politiques présentes, les principaux dirigeants du Parti Communiste dont le secrétaire-général Lautaro Carmona et Guillermo Tellier, Margot Honecker, Jorge Arrate, candidat unique de la gauche aux dernières élections législatives, ainsi que plusieurs dirigeants des Partis socialistes et démocrate-chrétien. Sont également intervenues, avec beaucoup d’émotion dans la voix, la fille de Salvador Allende ainsi que la fille et la petite-fille de Luis Corvalan.

Pour conclure, on ne peut qu’emprunter les derniers mots de l’oraison funèbre de Guillermo Tellier : « Les drapeaux des communistes ne s’inclinent pas aujourd’hui, au contraire, il se lèvent avec encore plus de force, la force infinie des idées révolutionnaires.

Camarade Luis Corvalan, avec ton exemple, mille fois, nous vaincrons ! »