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Grèves et manifestations du 11 octobre : sortir le mouvement social du carcan électoral

octobre 2011, par Saint Martin d’Hères

La journée d’action, de grève et de manifestation interprofessionnelle du 11 octobre 2011 n’avait pas encore commencé que tous les commentateurs, parfois même syndicaux, décrivaient son échec, son caractère « symbolique ».

Ce n’est pas ce que nous avons vécu dans les rues. Evidemment, il y avait beaucoup moins de monde qu’il y a douze mois pour les retraites et cette défaite continue à peser très fortement. Mais dans de nombreuses villes de province comme à Grenoble, il y avait bien plus de monde que les « habitués » à défiler.

A la SNCF, cela se confirme, la mobilisation est forte dans ces mois où s’accélère la marche à la concurrence et à la privatisation. Les taux de grévistes, 30% en moyenne, ont pu atteindre 100% dans certains établissement.

Comme l’an dernier, la participation de salariés du privé a souvent été remarquée, au moment où, dans l’industrie PSA annonce 10% de suppressions d’effectifs, Arcelor ferme les derniers hauts-fourneaux lorrains, les pétroliers liquident la filière raffinerie, Siemens, Becton Dickison, etc.

L’aspiration au changement politique est immense dans le monde du travail. Beaucoup ont conscience que cela ne pourra passer qu’avec les luttes, par les luttes.

Mais tous est fait, du côté du pouvoir, des medias, comme des organisations réformistes, pour enfermer la perspective politique dans le cadre des élections, de l’alternance en 2012.

Le temps des luttes suspendrait son cours. Les manifestations ne pourraient plus avoir pour but que d’affirmer l’opposition de catégories de salariés à la politique de la droite au service du Medef et d’essayer d’influer sur le programme et la politique éventuelle d’un futur pouvoir de gauche.

Déjà l’an dernier, au moment du mouvement pour les retraites, l’ombre de 2012 a lourdement pesé.

Le refus par les responsables syndicaux d’exiger le retrait du projet de loi Woerth, la demande « d’une autre réforme », aux contenus à définir et réalisée nécessairement par un gouvernement ultérieur, n’a pas aidé à concentrer le rapport de force, considérable, capable d’obtenir une victoire immédiate qui aurait été décisive.

La personnification, par beaucoup d’acteurs, de la politique du pouvoir sur Sarkozy (« il s’obstine, il n’écoute pas, il le paiera » ou en plus grossier le démobilisateur « Casse toi pov’ con ! » du Parti de gauche) a détourné le mouvement vers l’échéance électorale.

La recherche à tout prix de l’unité des organisations, y compris CFDT et PS, qui acceptent l’allongement de la durée de cotisation, a réduit les possibilités de rassemblement pour la retraite à 60 ans.

Là aussi, la perspective sous-jacente, était déjà celle d’une majorité électorale en 2012.

En 2009, la très forte mobilisation pour La Poste a également été déviée vers la perspective électorale, avec l’organisation d’une « votation » pour un « référendum », renvoyant mécaniquement aux élections suivantes.

Les initiateurs avaient pris soin de ne pas la faire porter sur l’application de la directive européenne de mise en concurrence du courrier pour ne pas gêner l’unité de la « gauche ».

Cette stratégie réformiste s’oppose à la construction, à partir des revendications dans les entreprises, de rassemblements capables d’imposer des positions de rupture, de commencer à faire reculer la politique au service du capital.

Communistes, ce sont précisément nos objectifs.

Quel contraste entre la volonté de changement exprimé dans la rue ce 11 octobre, partagée par des millions d’autres qui n’ont pas vu de perspective suffisante pour se déplacer, et simultanément le jeu politicien des primaires du PS !

Tout le battage rabat vers un « champion de la gauche » porteur du consensus libéral européen. Le PS a laissé passer le plan de renflouement des banques en 2008, vient de voter le plan européen d’étranglement du peuple grec avec l’UMP, a ratifié avec la droite le traité de Lisbonne etc.

Dans les mois qui viennent, malgré l’écrasement de la perspective politique avec le jeu de rôles des présidentielles, communistes, nous continuerons à construire la riposte, sur des positions de rupture fondamentales : nationalisations démocratiques, défense du financement solidaire de la sécurité sociale, rupture avec l’UE du capital et son arme, l’euro...

Portons l’action et le débat sur les sujets où toute démagogie électoraliste est impossible !