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Grève historique le 7 septembre dernier en Inde : 100 millions de travailleurs dans le mouvement avec un rôle moteur des syndicats proches des partis communistes.

septembre 2010, par Saint Martin d’Hères

Cette journée du 7 septembre marque clairement un bond quantitatif et qualitatif dans la construction de la riposte à la politique de saignée des couches laborieuses et de casse du secteur public menée par le Parti du Congrès en Inde.

Le point marquant de cette treizième grève générale depuis 1991 reste la construction d’un large mouvement unitaire, avec un appel à la grève lancé pour la première fois par les huit principales centrales syndicales.

Le rôle moteur de cette journée de grève reste dévolu aux deux syndicats liés organiquement aux Partis communistes : l’AITUC (All India Trade Union Congress – 2,5 millions de membres) lié au PC d’Inde et le CITU (Centre des syndicats indiens – 3,2 millions de membres) lié au PC d’Inde Marxiste.

Revendications immédiates et alternative à la politique du capital menée par le Parti du Congrès.

Les syndicats ont porté la colère des travailleurs indiens contre l’inflation dramatique des prix des produits de première nécessité, la hausse du chômage, la répression des droits syndicaux et sociaux à l’entreprise.

Et ils ont pointé du doigt les politiques néo-libérales menées depuis plusieurs décennies tantôt par la droite traditionnelle (BJP) que par le Parti du Congrès actuellement au pouvoir.

Les syndicats ont axé leurs propositions sur des revendications immédiates permettant de contrarier les conséquences désastreuses de ces mesures pour la population : contrôle des prix, système de distribution de biens de première nécessité, affirmation d’un secteur public fort, relance de l’investissement public, défense des droits syndicaux et sociaux, aides sociales pour les chômeurs et les travailleurs pauvres.

Mais derrière toutes ces mesures immédiates est porté également un projet alternatif pour la société, mettant en avant l’appropriation sociale des moyens de production et la défense et l’élargissement des droits des travailleurs.

Des « Etats rouges » à la capitale économique du pays : l’Inde complètement paralysée. Dans le cadre de cette grève historique, c’est dans les Etats contrôlés par les Partis communistes que la mobilisation a été la plus massive : Kerala, Bengale occidental et Tripura.

Les administrations et les concentrations industrielles ont été presque intégralement fermées pendant que des manifestations énormes étaient organisées par les syndicats et partis communistes et progressistes.

Mais si l’ampleur de la journée de grève dans les « Etats rouges » prouve le rôle essentiel joué par les partis communistes dans cette mobilisation, celle-ci ne s’est pas réduite aux bastions communistes.

D’autres régions, certes sous forte influence communiste, ont également connu une paralysie presque totale : l’Assam et le Manipur (Bengale oriental), le Punjab et l’Haryana (Cahcemire), le Jharkhand et l’Orissa (Bengale occidental). Dans tous ces Etats, la paralysie du trafic a été totale suite à la grève des travailleurs routiers.

De Calcutta, où le trafic aérien a été totalement paralysé, et les usines et administrations fermées, à Mumbai où la grève des taxis et des pousse-pousse ainsi que la grève des employés municipaux a fortement perturbé le fonctionnement de la capitale commerciale du pays, les centres économiques du pays ont fonctionné au ralenti ce 7 septembre.

Des mines aux banques toutes les branches touchées, le secteur public à l’avant-garde du mouvement.

L’analyse secteur par secteur de la grève démontre qu’aucune branche d’activité n’a échappé à la mobilisation.

C’est le secteur public qui a été le fer de lance de la mobilisation avec 10 millions d’employés du public impliqués, comprenant une forte cohorte d’enseignants. A ceux-là s’ajoutent 2 millions de fonctionnaires de l’administration centrale avec des chiffres record dans le secteur de la Défense (taux de grévistes à 80%).

La mobilisation a été particulièrement exceptionnelle dans les secteurs stratégiques que sont la poste, les transports, les télécommunications (70% de grévistes) et l’électricité. Par ailleurs, 2 millions de travailleurs des banques et des assurances y ont participé aussi.

Dans l’industrie, les mineurs ont encore une fois répondu présent à l’appel des syndicats communistes en particulier : 600 000 mineurs de charbon (80% des effectifs) étaient en grève et les mineurs des autres minerais ont suivi très fortement leurs camarades.

Dans les autres secteurs industriels, docks et sidérurgie notamment, la grève a été massivement suivie dans les bastions du mouvement ouvrier et un peu plus inégale ailleurs.

A noter les grèves symboliquement fortes qui ont bloqué presque intégralement les ZES (Zones économiques spéciales) de Visakhapatnam et au Bengale Occidental. Les agriculteurs ont également pris part aux actions, petits exploitants et salariés agricoles animant notamment le blocage des routes. La liste des secteurs impliqués serait longue : des travailleurs du batîment aux médecins, des pêcheurs aux éducateurs, rares sont les branches ayant connu une telle mobilisation dans les dernières années.

A quoi sert un Parti communiste ? Animer les luttes et leur donner une direction Ce mouvement historique apporte une réponse éclairante à la question, à quoi sert un Parti communiste ?

En Inde, les partis communistes parviennent avec une ligne idéologique ferme, une organisation enracinée dans la société, une articulation des luttes sociales avec la présence dans les institutions, à jouer un rôle moteur dans le mouvement social.

Ils continuent à influencer des centaines de millions de travailleurs, notamment à travers leurs syndicats organiques.

Affirmant leur identité, mais loin de tout sectarisme, ils construisent la mobilisation et l’unité la plus large contre la politique du patronat indien et international. Dans la lutte avant tout.