Parti Communiste Français Section de Saint-Martin d’Hères
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Des dirigeants du PCF à la rescousse de l’euro ?

mai 2011, par Saint Martin d’Hères

Réflexion d’Emmanuel Dang Tran, 28 mai 2011.

Même si la direction du Parti lui fait le moins de publicité possible, ma candidature contribue à ouvrir le débat sur l’euro, une question qui est présente, je le vérifie partout au fil de mes déplacements, dans toutes les discussions de communistes ou presque.

Dans l’Huma-dimanche daté du 19 mai, les chroniqueurs Francis Wurtz et Jean-Christophe le Duigou dénoncent fermement toute revendication de « sortie de l’euro ». En décembre dernier déjà, Pierre Laurent se prononçait pour une réorientation de la BCE mais s’exclamait à propos de l’euro « ne bazardons pas l’instrument ! ».

Il y a de quoi être étonné. Le PCF est l’organisation qui a le plus précisément depuis l’origine dénoncé et combattu l’Europe supranationale du capital.

De l’Acte unique en 1986 au Traité d’Amsterdam en 1998, en passant bien sûr la grande campagne de 1992 contre Maastricht, nous avons avec force argumentation expliqué les dangers de la monnaie unique, l’arme supplémentaire qu’elle allait représenter pour les capitalistes européens contre les peuples.

Tout ce que nous avions annoncé et dénoncé se réalise. L’euro sert à aggraver la mise en concurrence des travailleurs des différents pays à la fois de la zone euro elle-même et de la périphérie.

Il contribue à exacerber la xénophobie un peu partout en Europe. La monnaie unique encourage les délocalisations, favorise les secteurs capitalistes les plus puissants, compromet le développement des activités productives les plus faibles, pays par pays.

L’euro, comme le démontre le « Pacte pour l’euro », est un instrument redoutable pour tirer les salaires, les acquis sociaux vers le bas, dans tous les pays, y compris l’Allemagne.

Le rapport de force que nous avons contribué à construire de façon déterminante contre l’UE du capital se retrouve, renforcé, contre l’euro aujourd’hui. Les 55% de NON au projet de « constitution » européenne, un vote de classe, ne se sont pas évaporés.

Le lien entre la monnaie unique et la « vie chère », principalement l’insuffisance des salaires et des pensions par rapport à l’envolée de toutes les dépenses de base, est largement établi, même si c’est parfois de façon simpliste en apparence.

L’euro comme instrument pour affamer les peuples au profit de la finance internationale est bien identifiable dans les crises grecque, portugaise ou irlandaise.

Dans ces conditions, comment pouvons-nous, communistes laisser la revendication de la sortie de l’euro au FN ?

Je réfute tout de suite l’argument consistant à dire qu’aucune de nos propositions ne peut être assimilée au FN.

Si nous avions raisonné comme cela, nous n’aurions pas combattu Maastricht ou le TCE. Nous savons aussi, tous, combien nos propositions, notre projet de société sont strictement à l’opposé de ceux du FN, de tout nationalisme. Et nous avons les moyens de le faire comprendre.

Bien évidemment, la fin de l’euro, le retour au franc ne signifient pas l’avènement du socialisme en France. J’en suis le premier conscient.

Le pouvoir resterait dans les mains du capitalisme français. En Grande Bretagne, la même politique d’austérité peut être menée par les socio-démocrates ou les conservateurs sans besoin de l’euro.

Devant la mise en péril de l’euro, certains économistes bourgeois envisagent des « plans B » pour continuer à saigner les peuples même sans l’euro ou avec une zone euro réduite à quelques pays.

Mais le retour de la souveraineté monétaire au niveau national ouvre, notamment en France, d’autres possibilités d’intervention populaire sur cet élément décisif de l’économie. Voilà bien ce que craignent les capitalistes français en général. En 1936, le Front populaire a brisé le règne des 200 familles sur la Banque de France.

Et puis pour nous communistes, le rejet de la monnaie unique ne s’apparente pas à un simple slogan. Il va avec une série de propositions fondamentales comme la remise en cause des dettes publiques indues, par exemple celles qui ne servent qu’à payer les intérêts de la dette elle-même, l’objectif, que le Parti devrait défendre sans ambiguïté, d’une renationalisation de l’ensemble du secteur financier.

A mon sens, effectivement, l’opposition à l’euro n’a de sens aussi qu’allant de pair avec un rejet général de l’UE du capital, de l’application, contre les peuples et en particulier le nôtre, des traités, directives et règlements, conçus dans l’intérêt du capital.

Qu’est-ce qui est le plus réaliste ?

Réorienter la politique supranationale de la BCE, convaincre ces financiers d’intégrer, comme la FED américaine, un objectif hypocrite de plein emploi dans les statuts de la Banque de Francfort ?

Ou bien s’appuyer, nous en France, comme nos camarades dans les autres pays, sur le rapport de force réel qui existe, sur les contradictions entre capitalistes eux-mêmes pour mettre à bas, dans cette période donnée de « crise », l’un des instruments principaux de l’exploitation capitaliste ?

Poser la question, c’est y répondre.

Le choix de la direction du PCF dans le Front de gauche, avec le Maastrichien Mélenchon, avec le Parti de la gauche européenne, suivant la Confédération européenne des syndicats, propagandiste du Traité de Lisbonne, d’afficher envers et contre tout un parti pris « pro-européen » est injustifiable et extrêmement préjudiciable au mouvement populaire.

Assez de renoncements, de perméabilité à l’idéologie dominante ! Notre parti, et il a les moyens de le faire, doit reprendre le fil et la cohérence d’analyse et d’action qui l’ont amené à être le plus efficace contre l’UE du capital !