Parti Communiste Français Section de Saint-Martin d’Hères
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Décès de Abraham Serfaty, militant anti-colonialiste et figure de la lutte contre le règne dictatorial d’Hassan II, dont il fut le prisonnier pendant 17 ans

novembre 2010, par Saint Martin d’Hères

C’est avec une profonde tristesse que les militants anti-colonialistes, communistes et internationalistes français, qui ont mené pendant près de dix-sept ans la campagne pour sa libération, ont accueilli la nouvelle du décès d’Abraham Serfaty, ce vendredi 18 novembre, à l’âge de 84 ans.

Militant communiste dès 1944, membre du PCF de 1945 à 1949 pendant ses études en France, et bien qu’il ait rompu en 1970 avec un PC Marocain qui choisira plus tard la voie liquidatrice, il resta la figure des combats pour lesquels des générations de communistes français et nord-africains ont donné leur vie : la lutte anti-colonialiste, le combat pour la démocratie et le socialisme, la résistance contre les dictatures réactionnaires.

Comme il aimait à le répéter, Serfaty avait fait sien le mot de Victor Hugo : « Ceux qui vivent, ce sont ceux qui luttent »

Tirant profit de son séjour en France et de son passage au PCF, Serfaty mène dès son retour en 1950 la lutte pour l’indépendance du Maroc dans les rangs du PC Marocain. Ce qui lui valut une première incarcération en 1950 et sa mise en résidence surveillée en 1956.

Participant dans un premier temps, en tant qu’ingénieur des Mines, à la construction du Maroc libéré du joug colonial, il devient rapidement sous le règne réactionnaire d’Hassan II un ennemi du régime, en tant que communiste, et donc militant de la cause démocratique.

Il est arrêté une première fois par le régime autoritaire d’Hassan II et torturé sauvagement par les forces de répression marocaines en 1972. Après quinze mois de clandestinité, il est arrêté une seconde fois en 1974 et condamné à perpétuité en 1977 pour « complot contre la sécurité de l’État ».

Un large mouvement de solidarité internationale s’enclenche alors pour exiger sa libération. La mobilisation est forte et soutenue en France, animée essentiellement par le PCF et la CGT.

En 1991, cette campagne internationale pousse Hassan II à libérer celui qui était devenu, après la libération de Nelson Mandela, le plus vieux prisonnier politique au monde. Deux jours après sa libération, il est accueilli triomphalement à la fête de l’Humanité de 1991, qui devait être et fut le point culminant de la campagne pour sa libération, relayée par de nombreuses fédérations du PCF.

Contraint à un exil de huit ans, il ne revient au Maroc qu’en 1999, c’est-à-dire après la mort du dictateur Hassan II dont il fut l’opposant numéro un. Comme il tenait à le rappeler lui-même, cette victoire ne marquait pas la fin du combat pour la démocratie au Maroc ainsi que pour le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, combattant inlassable qu’il fut des causes saharouie et palestinienne.

Ce vendredi 18 novembre, le PCF a tenu à rendre hommage à « un homme de courage qui a consacré sa vie au combat pour la liberté et la démocratie au Maroc ».

C’est l’image que les communistes français garderont d’Abraham Serfaty, celle d’un homme de convictions et de combats, figure des luttes que le PCF a toujours fait siennes : contre le colonialisme, les dictatures réactionnaires, l’impérialisme. Pour l’indépendance des peuples, la liberté et le socialisme.