Parti Communiste Français Section de Saint-Martin d’Hères
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A Bucarest, des dizaines de milliers de salariés du public manifestaient mercredi contre le plan d’austérité dicté par le FMI et l’UE

mai 2010, par Saint Martin d’Hères

De 50 000 à 60 000 manifestants ont protesté mercredi dernier contre le plan d’austérité annoncé par le gouvernement il y a quelques semaines.

Utilisant comme ailleurs le prétexte de la dette publique, pourtant spécieux dans un pays où la dette publique ne s’élève encore qu’à 20% du PIB en 2009, le gouvernement a fait appel au FMI et à l’UE qui, en contrepartie d’un « plan de sauvetage » de 20 milliards d’euros, ont pu imposer la mise en œuvre d’un plan d’austérité reposant, entre autres, sur les mesures suivantes :

• baisse de 25% des salaires dans la fonction publique,

• diminution de 15% des allocations-chômage ainsi que des allocations familiales,

• diminution de 15% du montant des retraites.

Dans un pays où le salaire minimum s’élève à 140 euros, et la retraite minimum à 85 euros, ces mesures plongeront dans la misère des millions de roumains, et c’est la colère qui dominait dans le cortège de mercredi, aux cris de : « A bas ce gouvernement de menteurs ! » ou encore « Vous avez hypothéqué notre avenir ! ».

A l’appel des 5 grands syndicats, cette grève a mobilisé massivement dans le public et mercredi à Bucarest, écoles, transports en commun, hôpitaux et administrations étaient paralysés.

Cyniquement, le premier ministre Boc laissait entendre récemment qu’il n’y aurait pas d’alternative : « soit on augmente les impôts, soit on réduit les dépenses. L’alternative est donc de réduire les salaires et les retraites ou sinon on ne pourra pas les payer en décembre »

Les syndicats lui répondent qu’il y a une alternative : faire payer les riches plutôt que le peuple Roumain : « Nous exigeons un système fiscal progressif, affirmait Ian Popescu, dirigeant du syndicat Méridien, le droit à une vie décente, à un système éducatif de qualité ».

Alors que le projet de loi devrait être examiné et voté au Parlement le 1er juin, les syndicats lancent un appel à la résistance, « Les gens sont désemparés et ils nous poussent à ne pas lâcher, confiait Bogdan Hossu, leader du syndicat Cartel ALFA, nous bloquerons l’économie la semaine prochaine jusqu’à ce que le gouvernement ait compris le message. ».

Les syndicats ont déjà lancé un appel à la grève générale pour le 31 mai prochain ainsi qu’à un nouveau rassemblement place Victoriei, dans le centre de Bucarest.

Ce n’est en rien une coïncidence si, le même jour, l’Assemblée votait une loi interdisant aux anciens responsables communistes de postuler pour des emplois publics, ainsi que de se présenter à des postes éligibles, au moins pour les 5 prochaines années. Ce projet de loi, déjà entériné au Sénat en 2006, ne manque plus que de la signature du président pour devenir effectif.

Au-delà de sa portée réelle limitée, ce coup de force symbolique montre bien que, face à la montée de la contestation sociale en pleine crise du capital et de l’UE, le spectre du communisme continue à hanter la classe dirigeante roumaine.

Et les craintes d’une action politique allant au-delà de la nostalgie apathique réveillent les penchants autoritaires d’une classe dominante en mal de légitimité.

Article réalisé notamment à partir des comptes-rendus du Morning Star et de Tribuna Popular