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SEBASTIAN PABST ET LEONARDO SCHMID, PARTI COMMUNISTE DU TESSIN, MEETING INTERNATIONALISTE DU 8 JANVIER 2012.

janvier 2012, par Saint Martin d’Hères

nous sommes heureux et fiers de votre invitation et nous espérons pouvoir vous amener une bonne contribution à vos réflexions sur la crise du capitalisme et le rôle du mouvement communiste.

Notre Parti a une longue histoire, mais très mal connue, même par nos propres militants, nous-mêmes nous devons encore beaucoup étudier.

Pourtant nous pouvons esquisser en grandes lignes, l’évolution du mouvement communiste de notre pays, pour aider à comprendre quelles positions sont défendues par les communistes au Tessin.

Le Parti Communiste Suisse a été fondé au tout début des années vingt, son développement dans les centres industriels comme Bâle, Zurich et Genève a été fortement réprimée par les autorités.

Des forts mouvements se sont développés dans ces mêmes villes pendant les années 1930. Néanmoins toutes les organisations communistes ont été définitivement interdites en 1939, par un décret du gouvernement qui, en prévision de la guerre, s’était attribué les pleins pouvoirs.

C’est en 1944 que les communistes suisses se réorganisent sous le nom de Parti du Travail, un parti qui se voulait être révolutionnaire et d’inspiration marxiste-léniniste.

Dans la pratique pourtant, certains militants et certaines régions du parti hésitent encore aujourd’hui à se définir communistes, voir plus que dans le passé.

Ceci est dû a plusieurs facteurs, par exemple la stigmatisation (Maccarthysme) qui est toujours très forte en Suisse et une incapacité du premier groupe dirigeant du PST de préparer l’arrivée d’une nouvelle génération de cadres militants.

D’autre part, au cours des années 1980, il y a eu l’infiltration d’un vaste groupe d’opportunistes qui changeaient les positions révolutionnaires du PST, notamment vis-à-vis de l’intégration européenne.

Un congrès en 1991 remet en question les principes du marxisme-léninisme et à la tête est réélu Jean Spielmann, qui avec Josef Zysiadis sont les principaux représentants de l’opportunisme au sein du PST.

Aujourd’hui, ils sont respectivement président de la section de Genève du PST et dans la direction du nouveau mouvement : La Gauche. Sous la direction Spielmann, le PST devient le premier parti Suisse à soutenir ouvertement l’adhésion à la CEE en 1989.

Le Parti du travail du Tessin a décidé en 2008 de changer son nom en Partito Comunista, tout en restant une section du Parti Suisse du Travail.

Il y a eu la volonté de réaffirmer avec force son identité et entreprendre un procès de normalisation du concept de communisme. Il n’est pas normal que même à l’intérieur du parti, on doive subir l’anti-communisme, au point de plus nous dire qu’on est communiste.

On a décidé d’assumer une ligne marxiste-léniniste claire et bien définie, afin de montrer que les communistes ont encore quelque chose à dire et que, contrairement à la sociale-démocratie, ils représentent la vraie alternative au capitalisme.

Cette stratégie semble être payante : le nombre de jeunes militants dans le parti augmente et son organisation de jeunesse se renforce. On est en train de croître et malgré le grand rajeunissement des membres du parti et le changement de nom, on a réussi à conserver et même à augmenter le nombre de voix reçues, à augmenter les activités politiques et améliorer nos relations avec les organisations syndicales locales et des parti communistes frères.

La plupart des jeunes communistes du Tessin sont étudiants et souvent, avant d’arriver au mouvement communiste, ils passent par le SISA (le syndicat indépendant des étudiants et des apprentis). Le SISA est un syndicat dans lequel nos membres sont actifs depuis plusieurs années.

Nous avons montré l’importance d’avoir un syndicat de classe, même pour les étudiants, car le conflit de classe ne s’exprime pas uniquement dans le milieu du travail, mais dans tous les aspects de la société capitaliste.

A propos de la situation scolaire en Suisse, il faut savoir qu’il y a une forte sélection sociale en ce qui concerne l’accès à l’instruction. Une sélection qui commence dés le plus jeune âge.

Chez nous, un seul étudiant sur cinq, c’est à dire seulement 20% de jeunes, a accès aux études supérieures et il s’agit dans la plupart des cas d’enfants de personnes instruites et aisées.

Le bas prix des taxes d’inscription est utilisé comme excuse pour affirmer que l’accès aux études est démocratique.

Quand on coupe les ressources aux écoles, en enlevant les heures de soutien, ce sont les enfants qui n’ont personne qui puisse les aider chez eux qui en sont pénalisés.

Quand on sépare les enfants selon leurs « capacités » à partir de 10-11 ans, la sélection des fils de la bourgeoisie se fait aisément.

Le système de bourses d’étude est ridicule, souvent les jeunes des couches populaire ne peuvent pas se permettre d’aller à l’université qu’en s’endettant auprès d’une banque. Rien que le fait de devoir rendre l’argent influencera le choix, tant de la carrière académique que celle professionnelle.

La réforme de Bologne, n’a certainement pas amélioré pas la situation et montre de quelle façon notre pays, la Suisse, reste formellement en dehors de l’Union Européenne, mais elle court auprès d’elle pour nous rendre « euro-compatibles ».

Le peuple Suisse a dit non à l’Union Européenne, pour une simple volonté de sauvegarder sa souveraineté nationale et son indépendance, mais l’extrême-droite à alimenté une peur de l’étranger déjà bien enracinée. Pourtant, par les nombreux accords stipulés avec l’UE, nommés les accords bilatéraux, l’accord sur la libre circulation et l’espace Schengen c’est un peu comme si on y était.

D’ailleurs notre pays, même en n’étant pas membre de l’UE, incarne le capitalisme dans son âme plus profonde. La Suisse est un pays dont la puissance de la finance internationale et des grandes multinationales industrielles est immense et le pouvoir de la bourgeoisie est bien installé. Dans notre pays, des plans d’austérité comme on en connait ailleurs, n’ont pas encore eu lieu, essentiellement pour deux raisons.

Premièrement, en Suisse sous n’avons jamais eu des très importantes conquêtes sociales et syndicales. Le code du travail se résume à une vingtaine de pages dans le code des obligations, la moitié des travailleurs n’ont pas une CCT et plus de deux tiers n’ont pas un SMIC.

La protection contre le licenciement n’existe pas, au maximum 3 mois de préavis, la précarité a toujours été là. Les délégués syndicaux n’existent pas, tout comme toute forme de droit de participation dans les entreprises. Les syndicats adhérent tous au régime de la « paix du travail » qui interdit la grève.

Il y a un système de retraite sur trois piliers, dont deux à capitalisation (un obligatoire) depuis 40 ans. Le système de santé est privé, il y a quelques hôpitaux public importants, mais tout le systéme ambulatoire, les médecins spécialisés, les cliniques de réhabilitation, etc. sont privés.

L’assurance maladie est obligatoire, mais privée, il y a 88 caisses maladies rigoureusement priée en Suisse. Le congé maternité a été mis en place en 2003 avec seulement 14 semaines. Presque 80% des résidents sont des locataires qui payent un loyer. 20% de la population résidente n’a pas le passeport Suisse et donc le droit de vote. Ce 20% représente une partie importante de la classe ouvrière.

Deuxièmement, le démantèlement social, comme nous l’avons appelé dans une campagne du PST, est commencé peu à peu depuis déjà quinze ans. Le « welfere state » en Suisse est garanti par des assurances sociales (publiques à cotisation), chacune avec un but précis.

L’Avs est le premier plier du système de retraite, les rentes stagnent et la droite parle ouvertement d’augmenter l’âge de la retraite à 67 pour les hommes et les femmes, alors qu’elle est déjà à 65-64. L’assurance invalidité (AI) est continuellement sous attaques, et cette année, 20 000 retraités risquent de ne plus toucher un sous, en les mettant à la rue ou presque.

L’assurance chômage à été réduite à la fois dans les montants alloués que dans la durée.

La poste est une société anonyme dirigée par les socialiste qui ont fait d’un service public une entreprise multinationale qui rapporte des « bénéfices » à la Suisse. La même chose vaut pour l’entreprise de télécommunication Swisscom et en grande partie par les FFS, la société de chemins de fer.

Depuis vingts ans en Suisse et aussi au Tessin, on assiste à la montée de forces de l’extrême-droite. Leur principale argument politique est un durcissement de la répression sur les étrangers. Cette montée, dans le système concertatif suisse, a vite amené à des effets.

Il y a eu un durcissement de toutes les procédures administratives et policières pour l’admission et la résidence des étrangers, surtout extra-UE.

Aujourd’hui, un étranger qui commet un crime, même s’il est né et a grandit en Suisse, en plus de subir la peine « normale », peux être expulsé vers son pays. L’accès à la nationalité est très restreint : même après trois générations, l’accès à la nationalité n’est pas automatique. Un examen de « suissitude » est nécessaire pour montrer d’avoir appris « qu’est-ce que c’est être un bon suisse ».

Dans ce contexte, l’entreprise de la construction d’un Parti Communiste et d’un mouvement révolutionnaire n’est pas des plus faciles. Nous suivons ce chemin avec conviction et esprit révolutionnaire, mais nous sommes un David contre Goliath.

Nous somme heureux et fièrs de pouvoir nous exprimer devant des camarades français, et si nous pouvons faire un appel pour une campagne commune du mouvement communiste, ce serai de combattre le paradis fiscal Suisse. Il y a des énormes fortunes comme celles de messieurs IKEA Ingvar Kamprad, Michael Schumacher, Johnny Hallyday et bien d’autres, pour un total qui dépasse plusieurs milliers de milliards.

Le fait d’être la banque du monde ne nous aide pas dans notre chemin pour le socialisme et en même temps, nos banques cachent l’argent qui est volé par le grand capital aux travailleurs du monde entier.

Ce témoignage n’est qu’une contribution modeste, qui correspond à ce que nous représentons comme parti sur la scène internationale. Certainement les représentants du KKE et du PCP, ainsi que Dominique Negri qui nous invite et les Jeunes Communistes de Saint-Martin-d’Hères vont pouvoir donner des bonnes suggestions pour vos luttes.

Vive la solidarité internationaliste, vive la lutte, vive le communisme

8 janvier 2012

Sebastian Pabst, étudiant, 24 ans. Nouveau responsable du Comité Cantonal du Parti Communiste du Tessin pour les relations internationales et délégué au Comité Central du Parti Suisse du Travail.

Leonardo Schmid, permanent syndical, 27 ans. Nouveau responsable du Comité Cantonal du Parti Communiste du Tessin pour le monde du travail et délégué au Comité Central du Parti Suisse du Travail depuis 5 ans.