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Les communistes indiens posent à l’ordre du jour de leur XXème congrès, en avril 2012, la construction de l’alternative au consensus dominant Parti du Congrès/BJP

février 2012, par Saint Martin d’Hères

Le Parti communiste d’Inde (Marxiste), avec près d’1 million d’adhérents, incarne en Inde le parti de masse et de classe, une tradition de luttes notamment auprès des couches paysannes et de gestion alternative, avec le modèle proposé dans les « Etats rouges » du Kerala et du Bengale occidental, îlots de développement social dans un océan de pauvreté.

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Le PC d’Inde (Marxiste) prépare depuis septembre 2011, par des conférences locales puis régionales, son XXème congrès national prévu dans la semaine du 4 au 9 avril 2012. Le Comité central vient d’approuver la résolution qui servira de plate-forme de discussion aux congressistes.

Voici les points essentiels de la résolution, inscrite dans une volonté de tirer profit cadre d’analyse marxiste et léniniste pour répondre aux défis posés par la crise du capitalisme indien et international :

1 – Intensifier la lutte contre l’impérialisme :

Selon l’analyse de la situation internationale par le PCI (M), la crise du capitalisme « marque la fin des discours sur le triomphe du capitalisme. Il devient de plus en plus clair que la seule alternative au système d’exploitation du capitalisme néo-libéral est le socialisme ».

La seule réponse du système capitaliste à la crise est la fuite en avant impérialiste. Les interventions américaines et de ses alliés de l’OTAN en Libye, bientôt en Syrie ou en Iran. Les communistes indiens valorisent les luttes populaires en Europe contre les mesures d’austérité, les révoltes populaires dans le monde Arabe – en dépit des récupérations impérialistes – et les progrès des gouvernements de gauche en Amérique latine, comme autant de points d’appui dans la lutte anti-impérialiste.

A l’échelle nationale, les communistes continueront leur lutte contre une politique étrangère alignée sur les États-Unis, allié privilégié du capital indien, et pour « une politique étrangère indépendante » des intérêts de l’impérialisme.

2 – Dénoncer la politique de privatisations et de libéralisations du gouvernement de centre-gauche :

Le Parti communiste d’Inde (Marxiste) dénonce donc avec fermeté la politique néo-libérale du deuxième Gouvernement de l’alliance progressiste (UPA) menée par le Parti du Congrès, caractérisée notamment par une hausse exponentielle des prix et tarifs de bien essentiels, un haut niveau de corruption dans l’administration, un alignement sur l’impérialisme américain et une exploitation intense de la classe ouvrière et des couches paysannes.

Dans la ligne de mire des communistes, les privatisations « du pétrole, du gaz et des mines ; la politique d’attraction de capitaux dans le secteur financier et sa dérégulation ; l’ouverture du secteur pharmaceutique mais aussi du commerce de détail condamnés à être sous la coupe des multi-nationales ».

Deux décennies de libéralisation « ont profité au grand capital et aux élites urbaines et ont plongé dans la misère la majorité des travailleurs ». Alors que les travailleurs ont vécu « une intensification de l’exploitation » avec la génération des contrats précaires, les millardaires ne connaissent pas la crise. Ils étaient 13 en 2003, ils sont 55 en 2011. Chiffre saisissant, la part des profits dans la valeur ajoutée est passée de 20% en 1980 à 60% en 2008.

La crise agraire rend la situation des paysans problématique, avec une vague de suicides dans l’ensemble du pays, une émigration rurale massive exportant la question paysanne dans les villes.

Les paysans subissent la politique du gouvernement laissant les grandes entreprises indiennes ou multinationales prendre le contrôle de l’agriculture indienne. Mais les expropriations autoritaires au profit des Zones économiques spéciales (SEZ), des grandes entreprises ont conduit récemment à de grandes luttes contre la spoliation des terres aux quatre coins du pays.

3 – Lutter contre le consensus dominant des partis du capital Congrès/BJP au service du capital :

Les communistes indiens dénoncent un système politique gangrené par la corruption à tous les niveaux, révélée par toute une série de scandales récents, suscitée par « des liens de plus en plus forts entre grand capital et partis politiques, avec un afflux d’argent dans le système électoral.

Le système parlementaire est pourri par le pouvoir de l’argent. Le parti menera une campagne de masse contre le pouvoir de l’argent en politique et pour de grandes réformes électorales ».

Le Parti communiste d’Inde (Marxiste) développe en parallèle sa critique du gouvernement de centre-gauche et de sa pseudo-opposition nationaliste, les deux partis du consensus dominant néo-libéral :

« Le PCI (M) doit lutter politiquement contre le Congrès et contre le BJP. Les deux partis représentent l’ordre des grands propriétaires et de la bourgeoisie, qui perpétue l’exploitation de classe et est responsable de l’oppression sociale de vastes couches de la société.

Ils poursuivent les mêmes politiques néo-libérales et défendent une politique étrangère pro-américaine. Battre le Congrès et le gouvernement de l’UPA est impératif au vu du fardeau écrasant des hausses de prix, du chômage des souffrances des paysans et des travailleurs d’une part, et de la corruption éhontée et des cadeaux réservés au grand capital et aux plus riches.

Isoler le BJP et contrer son programme droitier et communautariste est nécessaire et important pour faire avancer les forces laiques, démocrates et de Gauche ».

4 – Renforcer le Parti communiste, préalable au rassemblement de la gauche :

Le Parti communiste d’Inde (Marxiste) lie deux impératifs dans la période : renforcer le Parti communiste tout d’abord comme préalable à la construction de l’unité de la gauche opposée à la politique du gouvernement social-démocrate.

A noter qu’en Inde, l’épithète de « gauche » est synonyme de communiste, et que la vieille alliance du « Left Front » datant des années 1970 repose essentiellement sur les deux partis communistes, qui ont rompu en 1964 pour des raisons historiques désormais dépassées.

Ainsi, « la résolution fait du rôle indépendant et du renforcement du Parti sa priorité centrale » et avance une proposition d’ « alternative démocratique et de gauche » ouverte à des forces politiques et sociales unies dans l’opposition au « pouvoir bourgeois ».

Néanmoins, pour les communistes, l’alternative « doit être construite par un processus de mobilisation et de luttes, duquel émergera une alliance politique de la Gauche et des forces démocratiques », ces forces unies dans l’opposition au Congrès et au BJP et dans la défense de la souveraineté nationale, de la démocratie et de la laïcité.

5 – Mener la lutte maintenant contre les politiques néo-libérales, le socialisme comme alternative de société :

La résolution invite « le Parti à mener le combat contre les politiques néo-libérales qui touchent aux intérêts des travailleurs. Nous devons mener les luttes pour la terre, pour le pain, le travail et la justice sociale. Le PCI (M) doit contrer les forces du communautarisme et de la division et défendre la laicité. Nous devons lutter contre les pressions impérialistes dans tous les domaines.

La résolution s’achève sur un appel « à la construction d’un parti communiste puissant dans tout le pays, avec l’engagement de continuer la lutte pour mettre un terme à l’exploitation de classe et à l’oppression sociale du peuple Indien afin d’avancer vers notre alternative de société – vers la démocratie populaire et le socialisme ».