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Législatives au Portugal : les communistes font mieux que résister avec 8% des voix et devancent largement un « Bloc de gauche » qui accompagne le Parti socialiste dans son effondrement

juin 2011, par Saint Martin d’Hères

Ce dimanche 5 juin 2011, les électeurs portugais étaient appelés aux urnes pour des élections législatives anticipées après la démission du gouvernement socialiste de Socrates en mars dernier. Le gouvernement avait alors été mis en minorité par les députés communistes, du Bloc de gauche et d’une partie de la droite sur le vote du quatrième plan d’austérité.

Article AC

Pour la droite, la décision de faire tomber le gouvernement socialiste était purement tactique.

Le gouvernement minoritaire de Socrates ne tenait depuis 2009 que grâce à l’appui de la droite qui avait fait voter les trois premiers plans d’austérité.

Sur le quatrième plan d’austérité, dicté par le FMI et l’UE, prévoyant entre autres privatisations accélérées, baisse des salaires et des retraites, augmentation de la TVA, augmentations des prix de l’énergie, l’accord était et reste total entre le PS et les deux partis du droite du Parti social-démocrate (PSD) et du Parti populaire (PP).

Mais il s’agissait pour la droite de reprendre la main ainsi que le flambeau de l’austérité.

Effondrement des socialistes qui paient leur politique de soumission au capital et à l’UE

Plusieurs enseignements, le premier c’est un certain désabusement des portugais vis-à-vis de la politique caractérisé par un niveau d’abstention particulièrement élevé, un peu plus de 41%. Il est à noter toutefois que ce taux d’abstention record ne marque pas une hausse significative depuis le dernier scrutin de 2009 (40,32%).

Le second, c’est que les champions de l’austérité socialistes paient chers leur politique de soumission aux diktats de l’Union europénne, du FMI et du capital. Tout comme en Espagne aux dernières élections locales, le PS chute lourdement avec 28,05% des voix (- 8,5% par rapport à 2009).

La droite a su profiter habilement de son double discours, axant sa campagne sur la nécessité d’un « changement » tout en ayant soutenu pendant deux ans la politique d’austérité du gouvernement Socrates et du PS.

Le PSD réalise une percée historique avec 38,63% des voix (+ 9,52%) tandis que le parti de droite extrême, le Parti populaire confirme son bon score de 2009 avec 11,74% des voix.

Les deux partis de droite sont assurés de la majorité absolue au Parlement, ce dont ne bénéficiait pas le PS seul, avec au moins 129 députés sur les 230 que compte l’Assemblée.

Cependant, le Parti socialiste s’est empressé de réaffirmer son attitude future de « parti d’opposition responsable ».

Le ministre de l’économie socialiste Vieira da Silva, maître d’oeuvre du plan d’austérité, a confirmé que le PS aurait la « même attitude » dans l’opposition qu’au gouvernement : « la priorité à la défense du Portugal ». Entendre, l’union sacrée derrière la droite dans la continuité de la politique d’austérité menée jusqu’alors par le Parti socialiste.

A la gauche du PS, la baudruche médiatique du « Bloc de gauche » éclate

A la gauche du Parti socialiste, le scrutin était lourd de sens pour déterminer si les derniers bons résultats du « Bloc de gauche » étaient, comme le soutenaient les médias dominants, la preuve d’une dynamique nouvelle, ou, comme nous le soutenions, un feu de paille électoral.

Pour les communistes, le défi était de taille. Alors que les derniers scrutins marquaient une persistance dans l’absolu de la CDU (Convergence démocratique unitaire – coalition électorale menée par les communistes), les communistes avaient été devancés à deux reprises par le « Bloc de gauche » en 2009, aux européennes (10,72% contre 10,64%) et aux législatives (9,81% contre 7,86%).

La nouvelle donne est donc marquée par une lourde chute du Bloc de gauche qui passe de 9,81% et 16 députés en 2009 à 5,19% et 8 députés en 2011, perdant par ailleurs près de 300 000 voix. Les résultats du « Bloc de gauche » (BE) sanctionnent l’optique politicienne du BE qui avait notamment soutenu le candidat socialiste au premier tour aux dernières présidentielles.

Ils démontrent également l’extrême volatilité de son électorat et constituent un camouflet pour un parti dont la stratégie électoraliste consistait en grande partie sur ses espoirs de grandir sur l’effritement du PS et sur la disparation supposée du PC.

Les communistes toujours présents font plus que résister et représentent plus que jamais la première force d’opposition aux « politiques de droite »

Le PS s’est écroulé mais le Bloc de Gauche n’en a pas profité. Loin de là.

De son côté, le Parti communiste portugais se porte plutôt bien. Certes, les communistes auraient espéré une progression électorale plus nette, ils se contenteront d’être la seule force à gauche à progresser avec 7,94% des voix, soit un score presque identique à celui de 2009 (+ 0,08%), et 1 député de plus, 16 au lieu de 15.

Le score de la CDU reflète encore une fois la persistance du vote communiste.

La CDU obtient ses meilleurs scores et conserve la deuxième place dans l’ « Alentejo rouge » : dans les districts de Setubal (19,65% et 4 députés), d’Evora (22,06%) et de Beja (25,39%). Les résultats sont également bons dans l’agglomération Lisboète avec 9,55% des voix – soit 4 points de plus que le Bloc de gauche – et 5 députés.

Alliance électorale respectueuse de l’autonomie des parti(e)s, la CDU n’en est pas moins une liste de rassemblement menée et identifiée aux communistes qui obtiennent 15 des 16 députés élus.

Dans un contexte difficile, le bon score des communistes prouvent que le choix de la lutte et de l’intransigeance vis-à-vis des « politiques de droite » qu’elles soient menées par le PS ou la droite paye.

Le PCP et la CDU avaient décidé de faire dans la campagne électorale un point d’appui pour les luttes contre « ce plan d’agression sans précédent contre le peuple et la nation (…) ce pacte de soumission envers la troika ».

Le peuple et la classe ouvrière portugaise ont lourdement sanctionné le Parti socialiste et le Bloc de gauche. Sa frange la plus consciente maintient toute sa fidélité envers les communistes.

Comme aiment à le répéter les communistes portugais, « A luta continua ».

Cette élection ne marque pas la fin d’une campagne électorale, elle marque le début d’une campagne de lutte contre le nouveau plan d’austérité concocté par le FMI et l’UE et mis en œuvre par le prochain gouvernement de droite avec le soutien du PS.