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La nouvelle organisation régionale latino-américaine CELAC prend ses distances avec le (contre-)modèle de l’Union européenne

décembre 2011, par Saint Martin d’Hères

Samedi dernier, le 10 décembre 2011, s’est achevé, à Caracas, au Vénézuela, le sommet fondateur de la Communauté des Etats d’Amérique latine et des Caraibes, avec l’adoption d’une déclaration constitutive qui reconnaît « le droit de chaque nation à construire en paix et librement son propre système politique et économique ».

La création de la Communauté des Etats d’Amérique latine et des Caraibes (CELAC), sans la présence des Etats-unis ni du Canada, montre bien comment cette partie du globe prend ses distances avec le mode d’organisation de l’Union européenne qui fut un temps présenté comme un modèle d’intégration régionale à suivre.

La CELAC se pose comme un espace de dialogue et de négociation, sans précédent dans le système des relations internationales actuel, où toutes les initiatives d’intégration sont sous la coupe d’un centre hégémonique impérialiste.

Dans la déclaration finale, est posé le principe de « coopération et de mise en œuvre de politiques sociales visant à la réduction des inégalités (…) afin de rendre les nations capables de remplir et de dépasser les Objectifs de développement du Millénaire ».

La CELAC défend comme axe central de son action la complémentarité dans les relations économiques Sud-Sud pour la réduction des asymétries entre les 33 pays d’Amérique latine et des Caraïbes qui la constituent.

En plus de la déclaration fondatrice, fut adoptée une autre défendant de la démocratie où est posé très clairement : « la validité de l’État de droit, le respect des autorités légalement constituées, la non-ingérence dans les affaires internes et la défense des institutions établies »,comme garantie indispensable à la paix dans la région.

Dans ce document, il est précisé que la menace de rupture de l’ordre constitutionnel dans un pays met en péril la CELAC et donc déclenchera des mécanismes de dialogue, d’analyse et de contrôle afin de prendre les décisions nécessaires.

Il apparaît clairement que les problèmes seront réglés en famille, sans pression de la Maison Blanche, qui tout au long de l’histoire latino-américaine et caribéenne a décidé unilatéralement d’invasions, de coups d’État, de guerres intestines.

Le Plan d’action de Caracas, une sortie de feuille de route en vue du travail commun, insiste su la nécessité de créer des outils afin d’améliorer les capacités de financement du commerce inter-régional et d’empêcher les crises, tout comme de limiter l’impact de celles extra-régionales en maintenant des politiques fiscales et monétaires saines.

Il est donc proposé d’avancer dans la conception d’une nouvelle architecture financière régionale reposant, entre autres, sur les principes de justice, solidarité et transparence. Également proposé la transformation des institutions financières internationales, avec un poids nécessairement plus important, en terme de voix, des pays en développement à l’intérieur de ces organismes.

Parallèlement à la question des échanges commerciaux, ont été mis à l’ordre du jour les enjeux des infrastructures, de l’énergie, du développement, de l’éradication de la pauvreté, des échanges culturels, de la protection de l’environnement, de l’aide humanitaire, de la protection des migrants et de la démocratisation des technologies de l’information et de communication.

La Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPAL) a souligné que les 33 pays qui forment la CELAC, représentent 580 millions d’habitants, 8,5% de la population de la planète, avec un revenu par tête de 8 980 $. Le PIB latino-américain et caribéen représente 8% de la production mondiale.

Compte tenu de ce terrain d’opportunités, avec un besoin d’investissement et d’intenses relations non seulement commerciales et économiques mais aussi politiques, il n’est pas étonnant que seule la Chine, le géant asiatique, ait envoyé une lettre au président hôte du Sommet, Hugo Chavez, pour saluer et se féliciter de la fondation de la CELAC.

Dans le même temps, le président du Nicaragua Daniel Ortega a suggéré de jeter un coup d’oeil du côté de l’Europe pour ne pas commettre les mêmes erreurs : « Il est important de regarder l’exemple de l’Union européene pour ne pas soumettre l’unité latino-américaine à la dictature du libre marché et du capital financier spéculatif. Notre unité, nous devons la soumettre aux principes de souveraineté », a-t-il affirmé.