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Compte-rendu du 44ème congrès du PC d’Ukraine (KPU) : « Résister au nationalisme fascisant et aux velléités de restauration d’un capitalisme sauvage des héritiers de la révolution Orange »

juin 2011, par Saint Martin d’Hères

Cette semaine, en nombre de localités Ukrainiennes, des drapeaux rouges seront déployés aux côtés des drapeaux jaunes et bleus pour marquer le 70ème anniversaire de l’invasion nazie. Ils seront déployés comme un défi lancé à ceux au Parlement ukrainien qui ont cherché à imposer l’interdiction légale des symboles de la période Soviétique.

Le week-end dernier, le congrès du Parti communiste d’Ukraine (KPU) a vu son secrétaire Petro Symonenko souligner l’importance politique de résister à ce qu’il a décrit comme la menace d’un fascisme nationaliste, la tentative de lier le sentiment national aux épisodes fascistes et à ceux de la Garde Blanche inscrits dans le passé de notre pays.

Dans des circonstances où les héritiers de la révolution orange discréditée ont essuyé de sérieux revers électoraux, ils ont désormais recours à des méthodes plus grossières.

Dans ces régions ou ces districts où ils conservent le pouvoir politique, ceux qui ont collaboré avec les nazis sont honorés. Les rues et les places sont rebaptisées à leur nom. La pleine liberté d’action est donnée à des organisations néo-fascistes. L’hostilité envers les importantes minorités nationales d’Ukraine, les Russes, les Juifs, les Russo-Allemands, se développe.

C’était pourquoi, avançait Symonenko, il était si important de réaffirmer les traditions progressistes et multi-nationales des travailleurs d’Ukraine, l’héroïsme de leur résistance à l’invasion nazie et les réalisations de la période Soviétique.

Le Congrès a révélé la position difficile, et pourtant centrale, que maintient le Parti communiste dans la vie politique Ukrainienne.

En 2006-2007, ses 26 députés ont joué un rôle important dans la consolidation de la coalition parlementaire qui a mis fin au règne nationaliste. En 2010, ils ont apporté leur soutien au président actuel Viktor Ianoukovytch sur la base de son engagement qu’il défendrait les droits des travailleurs, protégerait les minorités nationales et renforcerait les liens internationaux avec la Russie et les pays de l’Organisation de la coopération de Shanghai (OCS).

Politiquement, cependant, les communistes d’Ukraine n’ont pas la tâche facile. Le capitalisme rétabli est brutal. Une dizaine de groupes d’oligarques contrôlent une économie qui a été radicalement privatisée – ce qui comprend 90% des entreprises publiques, presque tous les services publics, le logement et la production agricole.

Ces forces contrôlent les médias et exercent leur domination au sein du gouvernement et sur l’appareil d’État. Et les privatisations continuent. Un nouveau système d’assurance privée obligatoire est en préparation dans un service de santé qui fonctionne déjà largement selon ce modèle.

Le chômage reste massif. La mortalité prématurée, en particulier chez les hommes en âge de travailler, couplée à l’émigration de masse ont fait chuter la population de plus de 10%. Près de 40% des moins de 24 ans sont sans travail et le mouvement syndical est plus que faible.

Dans ces circonstances, les Communistes doivent se battre contre vents et marées. Interdit en 1991, le parti a été reformé en 1993 mais reste interdit d’organisation dans le secteur public, les entreprises publiques et parmi les fonctionnaires d’État.

Pourtant, de façon assez surprenante, le parti se développe rapidement. Un tiers de ses 112 000 adhérents ont pris leur carte dans les quatre dernières années. Les jeunes sont de plus en plus impliqués et les femmes comptent désormais pour près de 40% des effectifs.

C’est en grande partie due au fait que le parti s’est réorganisé. Il est aujourd’hui bien plus un parti militant, enraciné localement, et se saisissant des questions immédiates qui touchent les travailleurs – les salaires non-payés, les retraites contestées, l’arnaque des compensations pour les anciens membres des fermes collectives.

Il y a deux ans, 6 000 ouvriers de l’industrie mécanique ont occupé le plus grand complexe de machines-outils agricoles d’Ukraine. Son second propriétaire d’après la privatisation avait fait faillite. Leurs emplois étaient en jeu. Après une large campagne politique, dans laquelle les Communistes ont joué un rôle de premier plan, le Parlement a adopté une motion replaçant l’usine sous propriété publique.

Cependant, ces réussites n’aveuglent pas les Communistes sur les dérèglements périlleux de la vie politique Ukrainienne.

Durant le Congrès, le vétéran du parti Georgi Kryuchov a cité certaines statistiques pour mettre en lumière ces dangers. Il a tiré les conclusions négatives d’un récent sondage qui indiquait que près de 40% de la population était en faveur du rétablissement du socialisme, sous une forme ou une autre.

La première conclusion concernait les 60% qui ne partageaient pas cet avis. Passivement ou activement, ils ont été influencés pour finir par accepter l’inéluctabilité de l’ordre établi et, plus dangereusement, et ils sont vulnérables à la propagande nationaliste et aux politiques qui, sous le gouvernement précédent, comprenaient le soutien à l’OTAN et à l’UE.

La seconde conclusion concernait le décalage entre les 40% de soutien pour le socialisme et la base électorale des Communistes Ukrainiens qui tourne en-dessous des 10%.

Le parti, a avancé Kryuchov, devait encore « radicaliser » ses efforts, à travers une forme d’engagement beaucoup plus directe à la base, dissiper la méfiance promue sans cesse par les médias, nationalistes ou non.

D’où l’importance attachée à la lutte contre la ré-écriture de l’histoire de l’Union soviétique et de la guerre contre le fascisme. Ce n’est pas une question de nostalgie. Cela représente un engagement réel et fondamental lié à la politique actuelle.

Les communistes Ukrainiens sont bien conscients, comme devraient l’être tous les progressistes de Grande-Bretagne, du fait que le pays se trouve en première ligne des transformations actuelles dans les rapports de forces mondiaux. La révolution orange a débouché sur l’envoi de troupes Ukrainiennes en Irak et en Afghanistan, sur la pénétration massive des agences Américaines et sur les préparatifs de l’entrée dans l’OTAN.

Ces démarches ont été mises en échec mais la pression reste constante. Des alternatives concrètes doivent être proposées pour un avenir meilleur. Le nouveau programme du parti adopté par le Congrès avance des perspectives pour un développement économique basé sur le rétablissement progressif de la propriété sociale et de la planification.

Cela nécessite à son retour une nouvelle orientation internationale qui ne subordonne pas un tel développement aux forces du marché contrôlées par les monopoles – en fin de compte le rétablissement des relations économiques planifiées démocratiquement entre pays actuellement membres de la Communauté des états indépendants (CEI). D’autres combinaisons sont également possibles.

En 2010, Ianoukovitch a visité la Chine dans une délégation présidentielle qui comptait Petro Symonenko, en tant que responsable du groupe parlementaire du Parti communiste. Ce week-end, au terme du Congrès, d’autres drapeaux rouges seront déployés dans les rues de Kiev pour accueillir la première visite en Ukraine du président Hu Jintao.

Titre de la responsabilité du traducteur Compte-rendu de John Foster, secrétaire à l’international du Parti communiste de Grande-Bretagne (CPGB)

Traduction AC pour http://solidarite-internationale-pc...