Parti Communiste Français Section de Saint-Martin d’Hères
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1 million de métallurgistes et de travailleurs dans les rues de Rome à l’appel de leur syndicat de classe pour leurs conditions de travail et pour préparer les conditions de la grève générale

octobre 2010, par Saint Martin d’Hères

Samedi 16 octobre, 1 million de métallurgistes, venant de toute l’Italie, ont convergé vers Rome à l’appel de leur syndicat de classe, la FIOM. « oui aux droits, non au chantage : le travail est un bien commun » ont scandé les manifestants.

« Nous ne donnons pas de chiffres, comptez-les vous-mêmes », en répondant ainsi samedi, le dirigeant de la FIOM laissait les journalistes submergés par la marée humaine qui avait envahi Rome ce samedi 16 octobre. Même la préfecture de police, pourtant encline à la minimisation systématique, en a tout de même compté 200 000.

La FIOM est finalement sortie de sa réserve en fin de journée pour annoncer que le cap du million de manifestants était atteint.

Peu importe les chiffres exacts, le fait que plusieurs centaines de milliers de métallurgistes italiens se soient déplacés dans la capitale italienne à l’appel de leur syndicat de classe, la FIOM, avec comme mot d’ordre la défense de leurs conditions de travail (« Oui aux droits, non au chantage : le travail est un bien commun ») était déjà une réussite en soi.

D’autant plus que le syndicat des métallurgistes, branche autonome de la CGIL ayant conservé des positions de classe que la maison-mère a délaissé depuis, exclut tout corporatisme.

Au contraire, la manifestation de samedi était axée sur l’ « unité dans les luttes », la convergence des luttes, avec présence de diverses corporations industrielles, d’ouvriers en bleu de travail mais aussi d’étudiants, de précaires, de chômeurs, de retraités et d’immigrés dans le cortège.

Au-delà de simples revendications catégorielles liées à leurs conditions de travail, les métallurgistes italiens ont manifesté en bloc contre l’ensemble de la politique du gouvernement italien : remise en cause des conventions collectives ; chômage de masse, chantage à l’emploi et délocalisations, comme dans le cas de l’usine FIAT de Pomigliano, d’austérité pour les travailleurs et renflouements pour l’industrie jusqu’à la revendication de la sortie des troupes d’Afghanistan.

Toutes ces revendications étaient articulées entre elles par les manifestants et convergeaient vers la mise en échec des plans du gouvernement et du patronat.

Pour les participants et les organisateurs de la manifestation, il ne peut y avoir d’alternative politique sans lutte dans la rue, et le mot d’ordre simple scandé par les manifestants : « Grève ! Grève ! Grève »posait la perspective immédiate.

Ainsi était mise à l’ordre du jour la question du passage de la mobilisation à une autre étape en Italie, et ensuite de la grève générale.

La FIOM et même la CGIL pose désormais la question de la grève générale après la manifestation du 27 novembre

Point d’unité syndicale en Italie dans un mouvement divisé en trois tendances majeures et gangréné par le réformisme. D’une part, les syndicats jaunes que sont la CISL et l’UIL qui collaborent ouvertement avec le gouvernement. D’autre part, la CGIL, syndicat à tradition communiste, tiraillé entre une direction réformiste et une base de classe plus combative. En son sein, la FIOM, branche autonome des métallurgistes, ayant donc maintenu des positions de lutte de classe.

Les métallurgistes semblaient avoir pris acte de l’impossibilité d’une action unitaire avec la CISL et l’UIL et les insultes fusant envers les dirigeants de ces deux centrales, en particulier pour Rafaelle Bonnani, secrétaire-général de la CISL, qui n’a cessé de discréditer le mouvement dans les médias acquis au gouvernement.

Événement historique, le secrétaire-général de la CGIL Guglielmo Epifani s’est par contre joint à l’appel lancé par le secrétaire-général de la FIOM, Maurizio Landini et les deux leaders syndicaux ont défilé à la tête du cortège romain.

La question de l’amplification de la mobilisation et d’un point de chute pour une grève générale a été posée par les deux leaders syndicaux. Pour Epifani, cela reste avec prudence, en effet celui-ci a évoqué « la possibilité d’une grève générale bien que ce ne soit pas notre seule arme ». Il a tenu à exprimer encore une fois son optique « gradualiste » et son ouverture aux négociations avec le gouvernement, toutefois : « Si nous n’avons pas obtenu de réponses du gouvernement d’ici la manifestation du 27 novembre, alors nous enchaînerons avec la grève générale ».

Alternative politique et attente déçue d’une organisation de classe et de lutte, du Parti communiste italien historique

Landini s’est montré plus offensif lors du discours de clôture, place San Giovanni. Face aux cris venant de la foule« Grève ! Grève ! Grève », celui-ci leur a répondu : « Nous avons le devoir de continuer cette bataille et pour continuer il faut que nous arrivions à déclarer la grève générale." In fine, c’est la question de l’alternative politique qui a été posée par le leader métallurgiste : « Nous n’avons pas peur des mots. Nous voulons changer cette société ».

Mais avec qui à gauche ? Certains observateurs ont parlé de « Parti FIOM », sortant de son rôle syndical et se substituant à l’impuissance de la gauche parlementaire, capable seul de mobiliser l’ « Italie rouge » orpheline du PCI, d’une organisation de classe, de lutte, révolutionnaire.

Entre un PD complice du gouvernement, des partis personnels tentant la formule du berlusconisme de gauche (Nichi Vendola, Beppe Grillo ou Antonio Di Pietro) et des communistes empêtrés dans une Fédération de gauche qui se dirige de plus en plus vers un Die Linke à l’italienne que vers la nécessaire reconstruction du Parti communiste, la gauche italienne est tout sauf ce que le million de métallurgistes descendus dans les rues de Rome attendent.

On pourrait rajouter que là réside tout le drame de la gauche italienne depuis la dissolution du PCI en 1991.

Voir le site de la FIOM :

http://www.fiom.cgil.it/